, La vieillesse est une période de fragilité et de dépendance. La retraite, telle qu'elle a été conçue, n'est plus adaptée : elle supposait l'autonomie du troisième âge. L'APA fut inventée pour le quatrième âge en 2001 et le lundi de Pentecôte sacrifié en 2004 afin de financer la dépendance. Cependant dans l'avenir proche, il faudra réinventer un système d'assurances sociales du risque dépendance. Question complexe, au regard des divergences d'intérêts (entre politique publique et financement privé), question de courage ! Et l'innovation et courage politique ne sont pas les traits de notre époque !!! À notre époque utilitariste, la fin de vie a un coût, coût de la retraite tout d'abord, coût des soins de la vieillesse, coûts des dernières maladies 13 . Et si les dépenses sont infinies, les recettes ne le sont pas. Alors, si autrefois on remettait son destin et sa fin de vie dans les mains de dieu ou de la nature, qui décidait de la fin de vie, aujourd'hui, les experts de la médecine et les experts de la comptabilité décident ou du moins ont une part très active dans la décision ! Utilitarisme économique certes, auquel s'ajoute l'utilitarisme moral de l'individu--roi : quand la vie n'est plus utile, ou lorsqu'on considère qu'elle n'a plus de sens, il faut y mettre fin. À l'ère managériale, l'euthanasie va devenir une modalité - banale ? - de gestion de la fin de vie, La médecine a créé la fin de vie, telle que nous l'entendons aujourd'hui : un problème de santé publique qui se traite et qui se gère ! avec ses nomenclatures administratives : experts, soignants, ses accompagnants. C'est le prix du progrès

, Comme la mort a été désacralisée, laïcisée et médicalisée, la société demande à la raison collective, à la loi et à la science de régler ce qui relevait jadis du destin, de la conscience individuelle ou de la transcendance. Or, Dieu (ou le transcendant) est mort, définitivement mort... et la religion (ou la transcendance) ne fonde plus une morale générale (une sécurité morale), un appareil normatif complémentaire aux interdits de la loi, ce lien « sociétal » de la soft law complément des interdits juridiques de la hard law. C'est aux hommes -et trop souvent aux experts -de décider de la mort : une décision qui ne peut être seulement technique, et revitalisent la perception humaniste de la fin de vie : soins à domicile, soins palliatifs

, Synthèse de l'état actuel de la question : Fin de vie : la France à l'heure des choix, avis du Conseil économique, social et environnemental, présenté par Pierre--Antoine Gailly, ainsi que Les soins palliatifs et la fin de vie, rapport de Gilles Duhamel, vol.10, 2017.

, Études, pp.33-42