La contamination du monde, quelques perspectives
Résumé
La pollution est devenue l’une des grandes préoccupations de notre temps. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), des millions de personnes décèderaient prématurément chaque année à cause des pollutions atmosphériques. Jamais autant de produits chimiques, dont l’innocuité n’a pas pu être démontrée, n’ont été mis en circulation, contaminant l’ensemble de la planète. Les terres agricoles s’appauvrissent avec l’emploi des engrais et des pesticides ; quant à l’eau, elle paie son tribut jusqu’à son exutoire ultime, la mer, devenue un océan de plastiques non dégradables. La mobilisation internationale reste pourtant faible au regard de tels enjeux : historiciser cette notion semble un préalable pour en comprendre les ressorts contemporains. Si la pollution est inhérente à toute activité productive et si l’altération de l’eau, de l’air et des sols n’a cessé d’accompagner les sociétés humaines, l’ampleur du phénomène change d’échelle avec l’entrée dans l’âge industriel, et le développement du capitalisme change en profondeur sa nature, son ampleur et la façon de l’appréhender. Après des décennies de débats, autour des années 1800, la pollution est naturalisée au XIXe siècle comme un phénomène inhérent à toute société civilisée. Après 1914, les guerres mondiales, la chimie de synthèse et la consommation de masse rendent nos sociétés industrielles toxiques. A partir des années 1970, la mondialisation et l'apparition de nouveaux contaminants amplifient encore le niveau de pollution et redistribuent les inégalités face à ce phénomène.