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Article Dans Une Revue La part de l'œil - Revue de pensée des arts plastiques Année : 2020

De la spécificité du médium à celle du lieu comme spécificité : l’écran performatif du cadre dans le cinéma élargi

Résumé

Aujourd’hui, l’image en mouvement est omniprésente dans l’art contemporain. La relation entre la boîte noire (“Black Box”) et le cube blanc (“White Cube”) remonte aux années 1950 et 1960, lorsque la montée en puissance de la télévision fit perdre aux salles de cinéma le monopole de l’image en mouvement. Dans son ouvrage Between The Black Box and The White Cube (2014)1, Andrew V. Uroskie affirme que, plutôt qu’une innovation formelle ou technologique, le principal changement pour les artistes implique un déplacement de l’image en mouvement du théâtre cinématographique vers des espaces originaux et périphériques. Il montre comment des technologies de film et de vidéo peu coûteuses ont permis à des artistes tels que Nam June Paik, Robert Whitman, Stan VanDerBeek, Robert Breer et plus particulièrement Andy Warhol de devenir des cinéastes. En travaillant une nouvelle façon d’expérimenter l’image en mouvement, ces artistes ont cherché à réinventer la nature et les possibilités de l’art à l’âge post-cinématographique et ont aidé à créer un nouvel espace entre la boîte noire du cinéma et le cube blanc de la galerie d’art. Dans cet essai, je reviendrai en détail sur la définition problématique de ces deux concepts et leurs origines respectives, tout en faisant émerger progressivement la question du cadre comme préalable à l’appréciation d’une forme hybride, tant il demeure parfois difficile d’en établir les contours perceptifs. Il semble particulièrement fécond de confronter l’idée d’un cadre extensible à toute limite à partir de certains dispositifs et autres installations d’images en mouvement dans un contexte post-minimaliste2. L’opposition entre la boîte noire (le dispositif de la salle obscure) et le cube blanc (le dispositif de projection dans l’art contemporain) envahit les débats théoriques actuels – la querelle des dispositifs3 – alors que le monde de l’art d’avant son absorption totale par l’institution muséale cherchait justement à dépasser ces oppositions disciplinaires. À partir d’un corpus varié allant de Pierre Huyghe à Bruce McClure en passant par Andy Warhol, je montrerai que devant la nature hybride de cette transformation du médium, l’approche adéquate n’est pas d’ordre ontologique mais au contraire d’ordre perceptif. En insistant sur la force déstabilisatrice induite par le cinéma dit élargi (“expanded cinema”), il s’agit d’ouvrir la question du cadre à de nouvelles modalités esthétiques amenant à la construction d’un corps spectatoriel singulier. Je développerai le concept de cadre-performance, jusqu’à proposer une nouvelle forme d’image où la relation entre un sujet (le sens de l’oeuvre) – pour un sujet (l’artiste) – et un autre sujet (le spectateur) propose un espace dont la porosité avec l’écran semble à présent décousue.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02528141 , version 1 (01-04-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02528141 , version 1

Citer

Benjamin Léon. De la spécificité du médium à celle du lieu comme spécificité : l’écran performatif du cadre dans le cinéma élargi. La part de l'œil - Revue de pensée des arts plastiques, 2020, Exposition/Espace/Cadre, 33/34, pp.310-327. ⟨hal-02528141⟩
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