Espaces Mentaux et Intégration Conceptuelle : Retour sur la Constitution de Théories Soeurs
Résumé
This paper is an attempt at describing the origins and the evolution of mental space and conceptual blending theories. The first part depicts the theoretical context in which Fauconnier was immersed, and the kinds of problems his new construct, mental spaces, was designed to solve. Issues pertaining to referential identity and to presupposition had been brought to the fore, notably by generative semanticists, and mental spaces appeared to be a flexible tool to handle them. In the following years, the perspective was broadened and came to encompass questions which, in other frameworks, had involved the notions of conceptual frame, metaphor and analogy. The theory of conceptual blending, as it were, absorbed its elder, and gradually came to resemble a general theory of human cognition and creativity. The formation and the nature of this theory, which was Fauconnier and Turner’s joint enterprise, and the sources it came from, are the subject of our second part. In sum, the history of mental spaces and conceptual blending reflects a development that is also found in the work of other linguists of the cognitive linguistics tradition. On the linguistic side, conceptual blending got linked with studies which give a prominent role to the merging of morphosyntactic constructions, whether these studies be of recent or of more remote origin.
Cet article tente de décrire les origines et l’évolution des théories des espaces mentaux et de l’amalgame conceptuel. La première partie expose le contexte théorique qui entourait Fauconnier, et le type de problèmes que son nouvel outil, les espaces mentaux, était appelé à résoudre. Des questions relatives à l’identité référentielle et à la présupposition avaient été mises en exergue, notamment par les sémanticiens générativistes ; les espaces mentaux apparurent comme un outil flexible permettant de les traiter. Dans la période qui suivit, la perspective fut élargie et en vint à embrasser des questions qui, dans d’autres approches, étaient liées aux notions d’analogie et de cadre et métaphore conceptuels. La théorie de l’amalgame conceptuel absorba pour ainsi dire son aînée, et prit de plus en plus le caractère d’une théorie générale de la cognition humaine et de la créativité. La formation et la nature de cette théorie, qui fut l’œuvre commune de Fauconnier et Turner, et les sources dont elle tira profit, sont le sujet de la seconde partie. En conclusion, l’histoire des espaces mentaux et de l’amalgame conceptuel reflète une évolution que l’on rencontre chez des linguistes affiliés à la linguistique cognitive. Sur le plan linguistique, elle a tissé des liens avec des approches qui mettent au premier plan la fusion de constructions morphosyntaxiques, que ces approches soient d’origine récente ou plus lointaine.