Rendre à la nature ? Une lecture bataillenne de la crise énergétique - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2008

Rendre à la nature ? Une lecture bataillenne de la crise énergétique

Résumé

L'énergie est abordée le plus souvent comme un problème de ressource (évolution du " mix " énergétique et efficacité énergétique) et d'environnement (pollution CO2 et déchets nucléaires). Tous deux renvoient à la nécessité de limiter les dépenses. De ce fait, depuis quelque temps, les débats font appel au concept de " sobriété ", car tout indique que " les solutions techniques ne suffiront pas " et que nous devons " modifier les modes de vie ". Qu'est-ce à dire ? Est-il question de quelques gestes " verts " tels qu'éteindre la lumière en sortant d'une pièce ? Ou d'un changement de plus grande ampleur ? Mais alors, lequel ? Si l'on suit l'anthropologie de G. Bataille, la sobriété a une connotation négative, elle évoque la restriction, la privation. D'après Bataille, être humain, c'est donner, dépenser ; " la sobriété " n'a donc, semble-t-il, aucune chance de l'emporter. Au contraire elle risque de provoquer une frustration explosive voire de faire le lit de régimes autoritaires, en justifiant de mesures allant à l'encontre de la volonté des peuples. Mais d'un autre côté ses motifs semblent nobles. Dépenser plus c'est, dans le contexte actuel, donner la mort, donner les gaz à effet de serre, priver les générations à venir et les pays " sous-développés " de leurs ressources. Comment sortir de cette impasse ? Sur la base des travaux de Bataille, nous proposons ici de réinterpréter la question des " limites écologiques " en un enjeu de reconnaissance du " don de la nature ". Si la sobriété, la décroissance etc. paraissent positifs à leurs promoteurs, c'est parce qu'ils ont admis que " rendre à la nature " est aussi une dépense productive, en termes de lien humain, de sacré au sens de Bataille, tandis que la modernité s'est construite sur la volonté d'unir les humains contre la " nature ", à qui il fallait prendre, sans retour. Ainsi font-ils sauter le bouchon de la dépense, qui peut de nouveau trouver des débouchés. Dans cette lecture, ce qui reste à assumer par les tenants de " la sobriété ", ou de la décroissance, est qu'ils remettent en cause le sacré moderne, la technologie. Ce qui indique qu'il s'agit d'un sacré, au sens de Bataille, est d'une part sa domination en tant que modalité du lien social et d'autre part la violence des altercations quand elle est mise en cause, notamment lors des controverses avec les écologistes, régulièrement accusés de renouer avec le sacré, le Grand Tout, l'Un - que la modernité aurait expulsé.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02511208 , version 1 (18-03-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02511208 , version 1

Citer

Fabrice Flipo. Rendre à la nature ? Une lecture bataillenne de la crise énergétique. Energie et société : sciences, gouvernances et usages, Edisud, pp.123 - 133, 2008, Ecologie Humaine, 978-2-7449-0822-4. ⟨hal-02511208⟩
47 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More