"Un projet cosmopolite : comment deux Français et deux Italiens ont permis la redécouverte des poétesses grecques au xvie siècle"
Résumé
En 1568 paraissent à Anvers les Carmina novem illustrium feminarum, édités par Fulvio Orsini, érudit romain. C'est la première édition moderne des textes des neuf poétesses grecques antiques les plus célèbres. Les Carmina... purent paraître grâce aux relations et aux échanges d'Orsini avec trois personnages essentiels à travers l'Europe : le cardinal italien Alexandre Farnèse, qui assura sa protection à Fulvio Orsini, dont il fit son secrétaire et son bibliothécaire ; le cardinal franc-comtois Antoine Perrenot de Granvelle, qui mit Orsini en relation avec le troisième de ces personnages, l'imprimeur tourangeau Christophe Plantin, installé à Anvers. Les relations d'amitié, d'intérêt intellectuel, se font aussi relations idéologiques, dictées par les choix religieux. Si Christophe Plantin a tellement traité avec Granvelle, c'est qu'il avait choisi, au contraire d'autres imprimeurs humanistes, de rester proche des catholiques. Ainsi, les Carmina... sont le reflet du cosmopolitisme de l'époque : des hommes de nationalités diverses, basés dans différents pays, se sont entraidés pour la publication de l’œuvre, avant que l'ouvrage lui-même ne transcende par la suite le contexte catholique de sa genèse.