. Pentecôte, ils sussent que la langue de l'Évêque doit éclaircir l'entendement des auditeurs et échauffer leurs volontés. » (« Lettre à Frémyot du 5 octobre 1604 », dans OEuvres complètes, éd. des Religieuses de la Visitation, Cf. « Discours sur la rhétorique française à M. du Bary, par M. Le Grand, sieur des Herminières, vol.12, p.304

, La Rhétorique Française, où pour principale argumentation on trouve les secrets de notre langue, 1665.

S. Pensées, , p.645

P. Force, L. Problème-herméneutique-chez, and P. , , p.257, 1989.

S. Bossuet and . Dieu, dans OEuvres Oratoires, éd. Lebarq revue et augmentée par Urbain et Levesque, vol.3, p.628

P. Bossuet, . De, and . Paul, , vol.2, p.319

P. Pascal and S. , , p.743

S. Ibid, , p.41

S. Bossuet and . Sur-la-parole-de-dieu, Un exemple parmi tant d'autres, Jean Eudes, que son expérience de prédicateur de missions populaires dans les années 1630 avait tout particulièrement sensibilisé au délicat problème de la formation des prêtres. Faisant valoir que « Les vérités dont Dieu éclaire notre esprit dans l'oraison [?] ont une vertu incomparablement plus grande pour enflammer les coeurs », il en déduit que le prédicateur apostolique ne saurait se servir d'un moyen plus puissant pour toucher les coeurs, que de faire précéder, accompagner et suivre de l'oraison, la préparation ou composition de son sermon, pour y demander à Dieu des lumières, des grâces et des paroles, tant « il n'y a point de coeur si glacé, qu'une bonne méditation n'enflamme : In meditatione mea exardescet ignis. » 40 La prière supplée au froid de l'élocution, et la surnature au défaut de la nature, en leur communiquant respectivement leur feu. Non, cependant, que la nature elle-même ne puisse secourir la nature, et qu'aucun biais proprement rhétorique, plutôt que spirituel, ne puisse contribuer à réduire l'écart souvent observé entre la froideur de la phase de l'elocutio et la chaleur requise lors de l'action. L'originalité des propositions de Marc-Antoine de Foix, de la Compagnie de Jésus, éclate en ce point. Rédigé à l'intention des futurs prêtres du séminaire diocésain d'Albi, l'Art de prêcher dont elles sont extraites se veut avant tout pragmatique 41 . Convenant, à la suite de tous, et de Quintilien 42 le premier, qu' « un prédicateur rendra ses expressions ardentes et passionnées s'il sent lui-même en, font plus la même impression et l'on n'en est plus touché 39 . » La lecture de la lettre a révélé son absence d'esprit. Le discours n'était rien, sa performance orale tout, il s'est consumé dans son feu, vol.3, p.629

, ni naturalisé, mais bien l'ardeur d'une simple nature, d'abord communiquée du coeur aux lèvres, puis des lèvres à la plume par le jeu du souvenir. La vie de tous les jours et son lot de paroles effectivement prononcées sous le coup d

R. Rapin, Réflexions sur l'usage de l'éloquence de ce temps, p.44, 1671.

J. Eudes, J. Caen, and . Poisson, , p.79, 1685.

, Voir l'analyse de ce traité proposée par Michel Bouvier, « L'Art de prêcher du Père de Foix, vol.219, pp.287-308, 2003.

. Quintilien,

L. Marc-antoine-de-foix and . De-prêcher, , p.435

, plus sûrement, à l'aide de la mémoire, que dans les traités de rhétorique. Et c'est bien là l'oeuf de Colomb : pour ne pas sortir de la nature 46 , se souvenir de la nature, répertoire d' « expressions passionnées et un peu ardentes » -comprenons : de figures naturelles 45 -où puiser

, Leur extrême divergence les rend cependant des plus symptomatiques, tant de cette période d'effervescence, voire de crise, alors traversée par la réflexion sur l'éloquence de la chaire, que de la centralité et du caractère structurel que paraît y revêtir l'opposition chaud / froid. Une telle alternative entre improvisation préparée et composition filtrée par la mémoire polarise-t-elle pourtant l'ensemble du débat ? Le fait est exemplaire, les deux options explorées ne visent, somme toute, qu'à faciliter l'usage de figures naturelles et se fondent ainsi sur le double postulat, implicite ou non, de la froideur d'un style sans figure, et de la chaleur d'un style figuré. Notant cependant que « le froid est agréable pour se chauffer 47 », ou qu'il « montre aussi bien la grandeur de l'ardeur de la fièvre que le chaud même 48 », un auteur comme Pascal ne cédait pas qu'au baroquisme d'un saisissant paradoxe : invitant à dépasser une dichotomie par trop réductrice entre chaud et froid, il suggérait surtout la possibilité effective d'une ardente froideur et, plus avant, celle d'une troisième voie, dont il est piquant d'observer que les implications rhétoriques, non théorisées par son siècle, assirent en bonne part sur le fantasme d'un style Port-Royal la modernité littéraire des suivants, Les deux options, si complémentaires, défendues par Fénelon et le P. de Foix ne rendent certes pas compte de la diversité des propositions théoriques formulées dans la période considérée

S. Laurent and . Université,

. Voir-par-exemple-Étienne and . Dubois, Abbé de Bretteville : « Le grand secret pour se bien servir des figures est d'étudier et de suivre les mouvements de la nature : car il est certain que l'âme a des mouvements qui répondent à l'apostrophe, à l'exclamation, à la suspension, à l'imprécation, etc. Et il est aisé de s'en apercevoir et de le sentir lorsqu

, Éloquence de la chaire et du barreau selon les préceptes de la rhétorique sacrée et profane, vol.302, 1689.

, Voir René Rapin : « Le souverain art de l'éloquence est de s'attacher scrupuleusement à la nature comme à son véritable modèle et à son premier original [?] Car dès qu'on sort de la nature, tout devient faux dans l'éloquence : la chaleur de ses mouvements passionnés n'est qu'une fausse chaleur, l'éclat le plus brillant de ses figures n

O. Réflexions, , pp.35-36

S. Pensées, , p.636

S. Pensées, , p.44