L’écriture de la Grande Guerre dans Les poissons morts (1917) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2013

L’écriture de la Grande Guerre dans Les poissons morts (1917)

Résumé

En 1917, après deux ans passés au front et dans un contexte éditorial favorable aux livres de guerre, Pierre Mac Orlan a publié son témoignage de combattant sous le titre Les poissons morts. Ce texte peuplé de figures pittoresques et littéraires se démarque des normes du discours véridique qu’édictera Norton Cru en 1929 dans Témoins. S’il transgresse ces normes en construisant une vision stylisée de son expérience, Mac Orlan n’esthétise pas la guerre. Il ne la transforme pas en « matière à littérature ». Sans pathos, sensationnalisme, ni didactisme, l’auteur des Poissons morts expose l’ampleur inédite des destructions matérielles de la guerre industrielle et, en humaniste qui « n’aime pas la guerre », il montre que la même souffrance lie les combattants, de part et d’autre de la ligne de front. De plus, dans une démarche qui désamorce, par avance, les critiques de Norton Cru qui lui reprochera de « déformer la guerre », il inscrit dans son témoignage une réflexion très précise sur son écriture, sur sa finalité et sur ses moyens. Pour Mac Orlan, l’écriture est un rempart contre l’oubli. Dans cette perspective, il publiera aussi Verdun (1935), un reportage qui met en garde contre une amnésie collective annonciatrice de nouvelles hécatombes. À partir d’un constat initial (« on ne racontera jamais très bien cette guerre »), Les poissons morts définit et met en œuvre une poétique du témoignage qui repose sur la métaphore, l’ellipse et le fragment. Pour Mac Orlan, comme pour Dorgelès qui réfléchira, à son tour sur l’écriture de la guerre dans ses « Souvenirs et réflexions sur Les croix de bois », l’expérience du combattant de la guerre de 14 ne peut pas s’organiser en une vision synthétique. L’écrivain peut seulement en arracher « des morceaux comme le mineur qui pioche dans le noir » ou comme le peintre cubiste qui juxtapose des fragments de vision dans l’espace de sa toile.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02501618 , version 1 (07-03-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02501618 , version 1

Citer

Isabelle Guillaume. L’écriture de la Grande Guerre dans Les poissons morts (1917). Bernard Baritaud et Philippe Blondeau. Mythologies mac orlaniennes, 1, Société des lecteurs de Pierre Mac Orlan, pp.92-104, 2013, Lectures de Mac Orlan. ⟨hal-02501618⟩
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