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Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Les gisements gravettiens d’Amiens-Renancourt 1 et 2 (Somme, France) : premières données palethnologiques

Nejma Goutas

Résumé

Up until recently the few known Upper Palaeolithic sites in the Hauts-de-France region suffered from a lack of sufficient data. Only the site of Renancourt-lès-Amiens, excavated in 1910 by Victor Commont, presents a reliable stratigraphy and a considerable quantity of objects, and has been unequivocally attributed to this period. Unfortunately, after the premature death of Victor Commont in 1918, the documentation and archaeological material were misplaced, thereby preventing any new studies of this essential site for our knowledge of the regional Upper Palaeolithic. In 1996, but especially since 2010, the area of Renancourt, located to the west of Amiens, was surveyed again during several rescue archaeology operations. Two sites attributed to the Gravettian were discovered during the se new investigations. They are spatially and chronologically distinct, and were both very well conserved in particularly dilated loess sequences. They are located on either side of a silty promontory several metres above the surrounding valleys. A nearby chalky talus provides protection from the winds and the easy acquisition of good quality flints. These two Gravettian sites are separated by several millennia and present very different spatial organisation, denoting distinct site functions and activities. The older site, Amiens-Renancourt 2 (dated to 28,000 BP non-cal.), was excavated over a surface of 1,800 m2 by the INRAP as part of rescue excavations. Different surveys show that the site extends over about 5,000 m2. The archaeological level is characterised by small concentrations or heaps of lithic and faunal remains. The study of the objects, as well as the spatial analysis, point to a site with specialised activities, mainly geared towards butchery and the acquisition of siliceous raw materials. The absence or low number of certain categories of lithic objects (cores, blades, tools) seems to indicate that these were removed from the excavated zone. Among the faunal remains, bones from reindeer, horse, and, to a lesser extent, bison limbs are overrepresented. These archaeozoological observations, associated with the results of the microwear study, point to the specific transport of carcass portions rich in meat, which were then cut up on site using non-retouched blades. The site of Amiens-Renancourt 1, dated to 23,000 BP non-cal., contains a significant concentration of objects just beside the former Victor Commont excavations. This archaeological occupation has undergone programmed excavations since 2013. The surface studied up until now is relatively limited (41 m2) and the extension of the site has yet to be evaluated. Although the spatial organisation is still only partially known, it shows an intense occupation with varied activities: flint knapping, horse carcass processing and indirect evidence of a combustion area that has not yet been identified. More singularly, a probable onsite production of feminine statuettes and ornaments in chalk evokes the Gravettian sites of Central and Eastern Europe with specific status. All of these data clearly show a longer, probably seasonal occupation, unlike the early Gravettian site of Amiens’Renancourt 2.
Dans la région des Hauts-de-France, les quelques rares gisements du Paléolithique supérieur ancien connus jusqu’à une date récente ont pâti d’un déficit ou d’une insuffisance de données. Seul le site de Renancourt-lès-Amiens, fouillé en 1910 par Victor Commont, bénéficie d’un contexte stratigraphique fiable et d’un mobilier conséquent, et a été sans équivoque rattaché à cette période. Après le décès prématuré de Victor Commont en 1918, la documentation et le matériel archéologique ont été malheureusement égarés, empêchant toute nouvelle étude sur ce gisement particulièrement essentiel pour la connaissance du Paléolithique supérieur régional. En 1996, mais surtout depuis 2010, plusieurs opérations d’archéologie préventive ont permis de sonder à nouveau le quartier de Renancourt, situé à l’ouest d’Amiens. Deux gisements attribuables au Gravettien ont été mis au jour lors de ces nouvelles investigations. Spatialement et chronologiquement distincts, ils sont tous deux très bien conservés dans des séquences loessiques particulièrement dilatées. Ils sont localisés de part et d’autre d’un promontoire limoneux et dominent de quelques mètres les vallées environnantes. Un talus crayeux situé à proximité offre à la fois une protection contre les vents et une acquisition aisée de rognons de silex de bonne qualité. Les deux gisements gravettiens, séparés dans le temps par plusieurs millénaires, présentent une organisation spatiale très différente qui traduit à la fois une fonction des sites et des activités distinctes. Le gisement le plus ancien, Amiens-Renancourt 2 (daté de 28000 BP non cal.), a été fouillé sur 1 800 m2 par l’INRAP dans le cadre de deux fouilles préventives. L’étendue du site, reconnue par différents sondages, est d’environ 5 000 m2. Le niveau archéologique se caractérise par de petites concentrations ou amas de vestiges lithiques et fauniques. L’étude du mobilier, ainsi que l’analyse spatiale, mettent en évidence un site aux activités spécialisées, tournées essentiellement vers la boucherie et l’acquisition de matières premières siliceuses. L’absence ou le faible nombre de certaines catégories de témoins lithiques (nucléus, lames, outils) indique vraisemblablement des emports en dehors de la zone fouillée. Parmi les vestiges fauniques, les os de membres de renne, de cheval et dans une moindre mesure de bison sont surreprésentés. Ces observations archéozoologiques associées aux résultats de l’étude tracéologique évoquent un apport spécifique de morceaux de carcasses riches en viande qui ont ensuite été découpés sur place à l’aide de lames brutes. Le gisement d’Amiens-Renancourt 1, daté de 23000 BP non cal., se présente sous la forme d’une importante concentration de vestiges lithiques et osseux située à proximité immédiate des fouilles réalisées par Victor Commont. Cette occupation archéologique fait l’objet de campagnes de fouilles programmées annuelles depuis 2013. La surface étudiée à ce jour est relativement limitée (41 m2) et son extension reste à déterminer précisément. Bien que très partiellement reconnue, l’organisation spatiale donne l’image d’une occupation aux activités variées : taille de silex, traitement de carcasses de cheval et témoignages indirects d’un espace de combustion pas encore localisé. Plus singulièrement, une probable production in situ de statuettes féminines et de parures en craie évoque certains sites gravettiens d’Europe centrale et orientale (Kostienki 1 ou Dolni Vestonice par exemple) aux statuts particuliers. L’ensemble de ces données traduit de manière évidente une occupation plus longue dans le temps, sans doute saisonnière, à l’inverse du gisement gravettien ancien d’Amiens-Renancourt 2.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02500072 , version 1 (05-03-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02500072 , version 1

Citer

Clément Paris, Pierre Antoine, P. Auguste, Émilie Claud, Sylvie Coutard, et al.. Les gisements gravettiens d’Amiens-Renancourt 1 et 2 (Somme, France) : premières données palethnologiques. Préhistoire de l'Europe du Nord-Ouest : mobilité, climats et identités culturelles. 28e congrès préhistorique de France, Cyril Montoya; Jean-Pierre Fagnart; Jean‑luc Locht, May 2016, Amiens, France. pp.97-115. ⟨hal-02500072⟩

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