L'acte littéraire comme empathie dans l’œuvre de Gueorgui Gospodinov : entre postmodernité et nouvelle humanité
Résumé
For Caroline Bayard, Professor at Mac Master University in Canada, who had taken a close interest in Czech political culture, "[...] The turnaround in Central and Western Europe in the 1980s has forced us today to re-examine this complex notion. For Europeans, deciphering postmodernity as a double-coded irony is no longer enough: such an interpretation does not take into account the data that turned maps, paradigms, identities and socialities upside down in the 1980s. ... Humility, responsibility and concern for others have replaced disopilance and recklessness. »
Proof, if proof were needed, that literature fortunately escapes any attempt to confine it to definitive assessments and prognoses, the subject of my paper: the two novels written by the Bulgarian writer Georgui Gospodinov: A Natural Novel, published in 1999, and Physics of Melancholy, 2011, which confirm Caroline Bayard's assertions.
These two novels, consecrated by and in the Bulgarian literary field (but also worldwide by the critical reception of the translations that have been made of them), mark out, it is the vision that I will develop here, not only the work of their author, not only Bulgarian postmodernism in prose, but also postmodernism in general: I see in Un roman naturel the painful writing and the mise en abyme of the postmodern crisis, and in Physique de la mélancolie the "melancholy" acceptance of the crisis, the quest and the revelation not of a "post-humanity", but of a "new humanity", captured in the metaphor of "I am us" and acted out in the prologue, confirming what Gary Madison said as early as 1994: "...postmodernity heralds the birth of a 'new humanism'."
Pour Caroline Bayard, professeur à l'université Mac Master au Canada, qui s'était intéressée de près à la culture politique tchèque, « […] Le tournant enregistré en Europe centrale et en Europe de l'Ouest dans les années 80 nous oblige aujourd'hui à un ré-examen de cette complexe notion. Pour les Européens, déchiffrer la postmodernité comme une ironie doublement codée ne suffit plus : une telle interprétation ne tient pas compte des données qui ont bouleversé cartes, paradigmes, identités et socialités dans les années 80. […] L'humilité, la notion de responsabilité et le souci d'autrui ont remplacé la désopilance et l'insouciance. »
Preuves, s'il en fallait, que la littérature échappe, heureusement, à toute tentative de l'enfermer dans des bilans et pronostics définitifs, l'objet de mon propos : les deux romans de l'écrivain bulgare Guéorgui Gospodinov : Un roman naturel, paru en 1999, et Physique de la mélancolie, 2011, qui confirment les assertions de Caroline Bayard.
Ces deux romans, consacrés par et dans le champ littéraire bulgare (mais aussi mondial par la réception critique des traductions qui en ont été faites), jalonnent, c'est la vision que je développerai ici, non seulement l’œuvre de leur auteur, non seulement le postmodernisme bulgare en prose, mais aussi le postmodernisme tout court : je vois dans Un roman naturel l'écriture douloureuse et la mise en abyme de la crise postmoderne, et, dans Physique de la mélancolie l'acceptation « mélancolique » de la crise, la quête et la révélation non pas d'une « post-humanité », mais d'une « nouvelle humanité », saisie dans la métaphore du « je sommes nous » actée dès le prologue, confirmant ce que déclarait, en 1994 déjà, Gary Madison : « […] la postmodernité annonce la naissance d'un « nouvel humanisme ».
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