C. , d'une autre façon, quelqu'un dont j'ai déjà prononcé le nom, quelqu'un qui est étroitement associé à l'histoire du lapin fluo : je veux parler de Louis Bec

N. Bec and . En, Il y a manifestement dans son travail une jubilation à nommer, à faire foisonner des néologismes ironiquement savants. Je ne sais si (comme l'écrit Dominique Lestel) « il renoue avec la sagesse de Dieu, qui fit le verbe avant de faire le monde ». Ce qui est sûr, c'est qu'il se présente lui-même volontiers comme un « peupleur », un « animaleur » un « bestialeur », ou mieux comme un « peuplementeur ». a conçu une série d'êtres potentiels, qu'il a dotés de caractéristiques chimériques, Ministère de la Culture, et a organisé de nombreuses manifestations sur les arts technologiques, vol.11, pp.184-185, 1936.

X. Tilliette, Schelling, une philosophie en devenir, vol.2, p.440, 1970.

V. Hugo, Wiliam Shakespeare, Garnier-Flammarion, p.75, 2003.

, Il se trouve cependant que certains chercheurs (Christian Graff, qui étudie depuis des années ce petit poisson si particulier) font l'hypothèse que le champ électrique du mormyre ne renvoie à aucun code, qu'il a essentiellement une fonction perceptive. « Le flux aléatoire des impulsions du mormyre ne relèverait donc pas de la linéarité d'une discursivité signifiante, mais de la multidimensionnalité d'une tactilité élargie ». Alors que la peau nous sépare du monde par une surface qui marque la frontière du dedans et du dehors, le champ électrique du mormyre est un champ sensoriel englobant, dans lequel les objets sont en quelque sorte palpés dans l'épaisseur même d'une peau mouvante qui met au défi de concevoir le sens que peuvent avoir les notions d'intérieur et d'extérieur. Le flux des impulsions, s'il est parfaitement encodable, n'est pas pour autant un code, mais bien plutôt quelque chose qui serait de l'ordre d'une sonde, selon l'expression de Christian Graff 15 . N'importe. Je reviens à la question du colloque. Il s'agissait, nous disait-on, d'étudier la manière dont la poésie et la poétique migrent, peut-être s'exilent, vers d'autres champs, d'autres genres, d'autres médias. Kac et Bec fournissent deux exemples très nets et très francs de cette migration hors de ce qui a été l'espace propre de la poésie. J'ai fait allusion tout à l'heure aux propositions de Roubaud, dans le Monde diplomatique de janvier : « la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots, pas de poésie ; un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c'est-à-dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. » On voit bien que ceci n'est plus tout à fait vrai. L'objet artistique (mais y a-t-il encore un objet ?) n'est plus pour la page, ni pour la voix, ni pour l'oreille. Il est fait avec des mots, mais pas seulement avec des mots : avec des images aussi, et des sons, et des animaux, d'où le terme de biopoésie, que j'ai fait figurer dans mon titre. Mais le vivant, ici, ne va jamais sans la technique ; le bio-ne va jamais sans le techno-Parlera-t-on de technobiopoésie ?, psychique évidemment très éloignée de nous, d'une rencontre du troisième type dans laquelle l'autre est un petit poisson. La fiction suggère que derrière le flux des impulsions se cache du sens, quel qu'il puisse être, et donc une pensée -une pensée forcément très peu semblable à la nôtre. Le mormyre nous confronterait ainsi aux limites de notre identité biologique et psychique