L. Hui-solidaire-d'un-scepticisme, dire ekplexis, dire saisissement, ébahissement, terreur, c'est, ce serait, outrer le pouvoir sur nous de la littérature, mentir sur la relation distraite, versatile, légère, zappante, furtive, que le contemporain entretient (est supposé entretenir) avec les oeuvres, ou l'absence d'oeuvre. Ce motif est développé par exemple par Gianni Vattimo qui en a donné une formulation vigoureuse dans La Fin de la modernité

. Vattimo, . De-heidegger, and ». De-ce-qu'il-nomme-«-ontologie-faible, une esthétique philosophique dont les concepts emphatiques sonnent désormais le creux. Le saisissement, la stupeur, si mal accordés à la « perception distraite » dont parlait déjà Benjamin, serait-il l'un d'eux ? Le recul tient encore à la redéfinition moderne du rôle du lecteur. L'insistance mise par les modernes, depuis les années vingt au moins, sur son activité (donnée à la fois comme un fait et comme un devoir) s'accommode mal du subir qu'implique le stupor: le lecteur actif, ou le lecteur sous contrat, ne sauraient être des « lapins (s) qu'on soulève par les oreilles » ; pas question de « rester tout cons », de se laisser « annihiler » Pour autant, l'ekplexis n'a pas disparu

C. Williams, The Red Wheelbarrow) a pointé le pouvoir des écritures qu'il appelle « à bas voltage », ; mais Fourcade se garde bien de faire de ce « bas voltage » un impératif, qui serait « moderne » ou « postmoderne » et qui s'imposerait à tous ici et maintenant. Tout au contraire : c'est, dit-il, « comme si toute l'ingénierie des systèmes du modernisme se partageait entre l'image qui capture (Degas, Picasso) et l'image qui libère (Manet, Matisse). » 75. On peut concevoir une peinture, ou une écriture sans lasso et sans flash, -qui ne tente rien pour capturer le lecteur ni pour l'allumer (flash, décidément

, Commentant la peinture de Hantaï (il a été commissaire de la magnifique exposition de Beaubourg en 2013) Fourcade distingue des toiles sans lasso ni flash, Écriture rose, par exemple, et d'autres qui « prennent notre hypnose », qui « ne sont que flash

, mais aussi tout ce qui s'apparente à l'élaboration d'un sens, toute la conception intellectualiste qui confond lecture et construction d'une interprétation, et qui fait que « lecture de Proust » signifie « commentaire de Proust ») ; et l'autre qui se soucie d'abord, qui désire surtout, des intensités, forcément discontinues, des chocs, des ébranlements, des commotions, des flashs. Dans une sorte d'hommage écrit au lendemain de la mort de R. L. Stevenson, Marcel Schwob rendait compte de sa première lecture de L'Île au trésor en énumérant les images qui lui étaient restées: le visage bleu de Flint râlant, une petite pièce ronde de papier découpé dans une Bible, les cheveux d'Allardyce flottant sur ce qui reste de son crâne. J'ai subi un pouvoir dit Schwob, le pouvoir des « images violentes » (728). Ici, le lecteur défait le muthos, Je reprendrai cette opposition un peu autrement, en distinguant deux régimes de lectures : l'un qui privilégie les continuités (ce que Schaeffer appelle immersion

Q. Klossowski, . Gracq, . Schwob-;-puissances-de-claudel, and G. Dit, Il y a, comme dit P. Quignard, « ceux qui ne sont jamais bouche bée ». Il y a aussi ceux qui peuvent trouver plaisir à rester stupides, à éprouver à l'improviste le pouvoir