For a holistic approach of past populations life conditions

Pour une approche holistique des conditions de vie des populations du passé

Luana Batista Goulart (1, 2) , Isabelle Séguy (3) , Gérald Quatrehomme , S Tzortzis

1 CEPAM - Culture et Environnements, Préhistoire, Antiquité, Moyen-Age
2 COMUE UCA - COMUE Université Côte d'Azur (2015-2019)
3 INED - Institut national d'études démographiques

Divers facteurs d’inégalité, tels que le genre, la position sociale, la profession, ou l'origine géographique, interagissent et influencent sur les conditions de vie des populations (approche intersectionnelle). S’y ajoutent des facteurs environnementaux, comme les famines, les guerres ou des problèmes climatiques, qui aggravent les inégalités sociales. La plupart des études comparatives portant sur l’état sanitaire se font à partir des groupes déjà constitués (femme/homme, classe d’âge, site, période ou composition du mobilier funéraire) (Polet, 2016 ; Scott & Hoppa, 2018 ; Ubelaker & Pap, 2009 ; Vercellotti et al., 2011). Elles supposent par là-même que ces groupes sont homogènes, alors qu’ils sont composés d’individus ayant vécu des expériences différentes. Pour contourner ce biais, nous proposons d’utiliser des méthodes statistiques qui permettent d’agréger les individus présentant des conditions de vie similaires (clustering). Pour cette analyse, nous considérons les variables suivantes : cribra orbitalia, hyperostose poreuse de la voûte crânienne, hypoplasie linéaire de l'email dentaire et petite stature. La collection objet de cette analyse, les Capucins de Ferrières (Martigues, Bouches-du-Rhône, 1720-21), présente quelques avantages : elle est composée exclusivement des victimes de l’épidémie de peste dite « de Marseille », leur décès est survenu dans un temps très bref (quelques mois), et tous ces individus ont vécu ensemble, selon les mêmes normes sociales et les mêmes contraintes environnementales. Les résultats obtenus montrent que les différences des conditions de vie sont moins en fonction du sexe ou de l’âge, que des facteurs socio-environnementaux et des caractéristiques socio-biologiques des individus qui leur confèrent une vulnérabilité (frailty) plus ou moins grande. Cette étude démontre qu’une approche genrée des conditions de vie doit prendre en compte la diversité des comportements et des vécus des individus, et qu’une analyse binaire (hommes versus femmes) rend impossible l’observation de toutes ces nuances.

Domaines: Anthropologie biologique; Archéologie et Préhistoire

Luana Batista Goulart, Isabelle Séguy, Gérald Quatrehomme, S Tzortzis. Pour une approche holistique des conditions de vie des populations du passé. 1845èmes journées de la Société d'Anthropologie de Paris, Jan 2020, Aix-en-Provence, France. ⟨hal-02463914⟩