Quelles sources de matières colorantes ferrugineuses dans les grottes ornées du canyon de l’Ardèche : Grotte aux Points et Abri des Pêcheurs ? (Gard et Ardèche, France)
Résumé
Des matières colorantes ferrugineuses au Paléolithique supérieur dans le canyon de l’Ardèche : Grotte aux Points et Abri des Pêcheurs (Gard et Ardèche, France)
L’étude des matières colorantes dans le canyon de l’Ardèche permet de questionner la chaîne opératoire des matières colorantes ayant eu pour finalité la réalisation des peintures pariétales. Dans ce contexte propice à une telle recherche le cycle de vie des matières colorantes brutes, transformées et appliquées peut être appréhendé en s’intéressant aux nombreuses actions humaines et naturelles qui les ont transformées de leur affleurement aux parois.
Parmi les vestiges d’occupations humaines sous le porche de la grotte aux Points, des matières colorantes cohésives, de très petite taille (<4mm) présentent des lithologies étudiées à différentes échelles. La carte d’identité chimique a été confrontée à celle des applications de pigment rouge sur les parois (dessins d’animaux et points paumes) et à celle des différentes ressources environnantes. Pour ces différents types de vestiges, la faible quantité de matière disponible pour l’analyse présente un obstacle important pour restituer le cycle de vie des ressources utilisées. C’est pourquoi, une comparaison avec les vestiges colorants d’autres sites ardéchois a été entreprise.
L’assemblage de matières colorantes de l’abri des Pêcheurs, conservé au Musée du Grand Aven d’Orgnac (Ardèche), présente un triple avantage : (1) les vestiges y sont nombreux et de taille pluricentimétrique, (2) il permet de documenter des matières premières disponibles dans le paysage minéral accessible au Paléolithique, très certainement modifié depuis et (3) la taphonomie de ces matières peut être documentée avec plus de précision, en particulier pour ce qui est des modifications des surfaces et de leur géochimie. Cette collection ancienne révèle des gammes de matières colorantes aux caractéristiques similaires à celles de la grotte aux Points, tant pour ce qui est de leurs macromorphologies que pour la présence d’inclusions vertes, particulières. Il s’agit de céladonite. De plus la signature chimique de cette matière première est marquée par une corrélation du fer, du molybdène et de l’antimoine.
Enfin, les comparaisons avec les références géologiques enregistrées et documentées dans le cadre du Projet Collectif de Recherche Pigmentothèque laisse envisager que des choix étaient autrefois orientés vers des gammes de matières colorantes rouges, au fort pouvoir colorant, homogènes, tendres et faiblement résistantes pour les réduire en poudre.