M. Transporteur·ses and . Du-parti-socialiste-révolutionnaire-d, Irlande créé en mai 1919), mais aussi de celui de Limerick dont les représentant·es avaient envisagé d'élargir leur mouvement à l'ensemble du pays. Plus que tout autre chose, l'étude de ce mouvement au potentiel socialement révolutionnaire indéniable rappelle que l'histoire n'est nullement un processus linéaire

, quand celui-ci apparaît plutôt comme l'aboutissement d'une longue série d'accidents advenus en des circonstances largement imprévisibles et inexorables

, Et pourtant, la partie de l'île où eurent lieu pratiquement toutes ces expériences n'était-elle pas censée rejeter viscéralement toute forme de socialisme, de par son caractère fondamentalement rural, catholique et nationaliste 48 ? Probablement, en effet ! Sauf que la Révolution irlandaise apparut aussi comme une période de transition, au cours de laquelle les forces progressistes incarnées dans le mouvement syndical s'affirmèrent et se développèrent très rapidement en vue d'assurer aux travailleur·ses la pleine reconnaissance de leurs droits dans la perspective d'une Irlande indépendante. La société conservatrice dans laquelle l'Irlande du Sud devait évoluer au lendemain de la mise en place de l'État libre n'existait pas encore véritablement. Loin d'être prédéterminé -bien que contenu en germe depuis quelques décennies -, l'avènement des paradigmes dominants du nouvel État résulta donc plutôt de l'esprit conservateur qui avait fini par imprégner l'ensemble du mouvement indépendantiste orthodoxe, aux dépens de principes progressistes que défendaient pourtant les nombreux·ses travailleur·ses syndiqué·es de l'époqueayant, pour beaucoup, Ainsi en fut-il des soviets irlandais, dont les protagonistes s'inspirèrent du contexte politique et social européen de l'époque et profitèrent des troubles et de l'instabilité régnant dans le pays pour mettre en oeuvre, de façon spontanée pour la plupart, un modèle organisationnel alternatif fondé sur l'autogestion

, S'ensuivit dès lors une longue période de désillusions qui se traduisit notamment par une baisse drastique des effectifs des syndicats -et notamment celui des transporteur·ses qui ne comptait plus qu'environ 61 000 membres en 1925, contre 100 000 cinq ans plus tôt 49 -, le tout sur fond de division interne entre réformistes et partisans de James Larkin

, une seule expérience de type « soviétique » (du moins désigné comme telle par certains journalistes) dans la partie de l'île constituant aujourd'hui l'Irlande du Nord, lors de la grève générale de Belfast en janvier-février, 1919.

C. Donnés and D. Greaves, division eut, sans nul doute, un impact sur la faiblesse électorale du Parti travailliste (principale parti de gauche) qui, depuis, ne s'est jamais vraiment démentie, p.321

, Cependant, s'il est une leçon à tirer de l'histoire iconoclaste des soviets irlandais, c'est bien la suivante : quelles que soient les caractéristiques d'un territoire déterminé (pays, région, ville...), selon les circonstances du moment, « quand un groupe, au sens large, c'est-à-dire les travailleurs d'une entreprise, mais aussi les gens d'un quartier ou d'une ville, quand ces gens n'acceptent plus passivement les conditions d'existence, quand ils ne restent plus passifs devant ces conditions qu'on leur impose ; lorsqu'ils tentent de les dominer, de les maîtriser

, recherche bretonne et celtique (CRBC) et du Groupe de recherche en études irlandaises (GREI). Il a publié L'Irlande en révolutions, entre nationalismes et conservatismes : une histoire politique et sociale (18e-20e siècles, 2018.

, Autogestion : l'Encyclopédie internationale, tome 5, op. cit, p.245