Le passif en français et les lacunes distributionnelles des verbes
Résumé
We take up the analysis of the French passive construction again from usually marginalized data, namely the distributional gaps in the passive compared with the active construction. For example, the following two uses of the verb suivre : un psychologue suit cet enfant / Marie suit des études de droit, only the first is acceptable in the passive construction : cet enfant est suivi par un psychologue / ?? des études de droit sont suivies par Marie. These data are generally considered lexical idiosyncrasies, not related to the passive. However, we show that these data are regular and reveal a systematic constraint: in the passive, the subject must be interpreted as characterized by the process (defined by the verb and its possible modifiers). These data can in turn account for the lexical status of the item être in the passive construction : it is not just an auxiliary but it corresponds to the verb be. Thus, the passive past participle (with its possible modifiers) has to characterize the subject because it is a predicative complement of the subject. This study thus shows that there are strong interactions between lexical and grammatical facts.
Nous reprenons l’analyse du passif en français, à partir de données généralement marginalisées, à savoir les lacunes distributionnelles par rapport à l’actif. Par exemple, sur les deux emplois ci-après du verbe suivre : un psychologue suit cet enfant / Marie suit des études de droit, seul le premier emploi est naturel au passif : cet enfant est suivi par un psychologue / ?? des études de droit sont suivies par Marie. Ces données sont généralement considérées comme des idiosyncrasies lexicales, indépendantes des propriétés du passif. Nous montrons que ces données sont au contraire régulières et révèlent une contrainte systématique : au passif, le sujet doit pouvoir s’interpréter comme caractérisé par le procès (défini par le verbe et ses éventuels modifieurs). Dans le débat sur le statut de être au passif (auxiliaire ou verbe plein), cette contrainte sémantique régulière confirme son statut de verbe plein. Ainsi, au passif, le participe passé (avec ses éventuels modifieurs) doit caractériser le sujet car il correspond à un complément du verbe être. Cette étude montre ainsi les interactions fortes entre les faits lexicaux et grammaticaux.
Domaines
Linguistique
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