Étudier l’occupation d’une ville romaine : les enjeux du PCR « Topographie générale et insertion territoriale de l’agglomération antique de Briga »
Résumé
Le Programme Collectif de Recherche “Topographie générale et insertion territoriale de l’agglomération antique que Briga » coordonné par Étienne Mantel (DRAC –SRA de Normandie) a été initié en 2018. Interdisciplinaire par nature, il a pour objectif de fédérer des intervenants venant de différentes institutions afin de poursuivre la recherche archéologique sur le site du « Bois-l’Abbé », situé sur la commune d’Eu (76). Après des explorations sporadiques au XIXe siècle et des campagnes de recherche menées entre 1965 et 1980, le site est fouillé pratiquement sans interruption depuis 1994, et en particulier depuis 2006par Étienne Mantel lors d’opérations de fouilles programmées.Les fouilles extensives en aire ouverte ont permis de renouveler les connaissances et d’attester que les vestiges, qui étaient jusqu’alors identifiés comme les édifices constitutifs d’un simple sanctuaire isolé dotés d’équipements monumentaux (temple, théâtre et thermes), sont intégrés dans une agglomération dite secondaire dont la superficie atteignait au moins 65 hectares à son apogée. Chaque année, la chronologie de l’occupation est davantage caractérisée à mesure que les niveaux les plus anciens sont explorés. Fréquentée dès le Néolithique, cette partie du plateau, quidomine la vallée de la Bresle au nord et le vallon de Saint-Pierre-en-Val au sud, est occupée de manière permanente et continue dès La Tène Moyenne (300-250 av. notre ère) jusqu’à la fin de l’Antiquité (IVe siècle).Fort de ces résultats, Briga figure au rang des sites essentiels pour alimenter la réflexion sur l’occupation humaine dans le nord de la France, que ce soit pendant la Protohistoire ou l’époque romaine. Le PCR a permis la multiplication des interventions de terrain afin de répondre à différentes problématiques nécessaires à la compréhension de la ville dans son ensemble. En parallèle à la fouille, une approche multiscalaire est mise en œuvre depuis quelques années. Le croisement des résultats issus des différentes études de mobilier et des données provenant des recherches de terrain documente précisément l’évolution morphologique et chronologique des occupations humaines. Le recours aux disciplines des sciences de la terre contribue à reconnaître l’environnement naturel et anthropique au sein duquel s’insèrent les constructions pour former l’ensemble qu’est la ville. Les données recueillies lors des prospections micro-topographiques, géophysiques et bientôt LIDAR par drone, constituent autant de niveaux de lecture complémentaires aux fouilles archéologiques. L’analyse conjuguée de ces résultats améliore la lecture des vestiges et la perception de leur environnement. Leur généralisation à grande échelle sur le site permettra la création d’un outil précieux pour orienter les problématiques et guider les fouilles futures sur le site de Briga.