Interactions entre les langues chez les enfants bilingues issus de familles immigrées
Résumé
Depuis la fin des années 1970, les recherches consacrées aux enfants issus de familles immigrées et à leur scolarisation à l’école de la République ne cesse de croître (Dabène & Billiez, 1987, Hélot & Erfurt, 2016, entre autres). Cette problématique attire une attention grandissante non seulement des parents (volonté de réussite scolaire des enfants et désir de maintien et de transmission de la langue d’origine) et des politiques (volonté d’intégrer ces jeunes dans l’institution scolaire et dans le monde du travail) mais aussi des enseignants (souci d’une meilleure prise en charge à l’école). Ces volontés sont souvent confrontées à deux discours divergents : d’une part, un discours pro-bilinguisme (qui crédite à cet état de fait de nombreux bénéfices, cf. Cummins, 2014), et, d’autre part, un discours anti-bilinguisme (qui se demande comment un enfant pourrait acquérir le langage à partir de deux systèmes linguistiques différents). Ainsi pour les seconds, l’enfant se retrouverait nécessairement dans l’incapacité de trouver des repères et maîtriserait mal les deux langues, d’où la crainte d’un bilinguisme limité (ne posséder aucune langue « correctement »). Malheureusement, il n’est pas rare de trouver ces propos dans le discours des spécialistes de l’éducation (enseignants, orthophonistes, psychologues scolaires…). Les familles immigrées elles-mêmes et leurs enfants construisent eux aussi à l’égard de leur bi/plurilinguisme une image négative et dévalorisante surtout lorsqu’il s’agit d’une langue minorée.
Partant de cet arrière-plan, j’aborderai les liens entre les différentes langues des enfants issus de familles immigrées en France.