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Article Dans Une Revue IdeAs : idées d'Amérique Année : 2019

Populismes dans les Amériques

Résumé

Au cours des dix dernières années, le populisme s'est affirmé comme une notion souvent clef dans l'analyse de l'évolution politique et sociale d'un grand nombre de pays européens ou américains. Son usage reste cependant très largement négatif car il désigne le plus souvent un appel direct au peuple basé sur le ressentiment contre les élites et/ou certains groupes sociaux, tout en prônant un arsenal de mesures « simples » et démagogiques. Il est d'ailleurs principalement utilisé pour dénoncer ses ennemis et il y a fort peu de responsables politiques-à l'exception par exemple de Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise, d'Hugo Chavez, ou encore des leaders de Podemos en Espagne (Chazel 2019)-qui revendiquent ce label avec fierté 1. En d'autres termes, le populisme est perçu d'abord et avant tout comme une forme dégradée de la vie démocratique. C'est dans ce sens que l'analyse Pierre Rosanvallon (2011) en y voyant une triple simplification : d'abord une simplification politique en opposant un peuple fantasmé, homogène, à des élites corrompues ; ensuite une simplification institutionnelle en rejetant tout contrepoids face à la volonté populaire ; et enfin une simplification sociale, qui attribue au peuple une identité claire et définie 2. Mais le populisme est aussi une notion dont les pratiques et les styles sont très différents. Dans les Amériques, le populisme a ainsi été invoqué ces derniers temps pour désigner des courants et des sensibilités politiques très variés, en référence à des mouvements, des acteurs, voire des gouvernements tels que Occupy Wall Street, le Tea Party, Bernie Sanders, ou encore Donald Trump. Au sud, c'est notamment le cas des régimes que l'on qualifie aussi de national-populaires en Amérique latine : le Venezuela chaviste, la Bolivie dirigée par Evo Morales, l'Argentine sous les gouvernements Kirchner… ; tandis que le terme de populisme est également utilisé pour désigner des courants ultra-conservateurs, tel celui incarné par Jair Bolsonarol'actuel président du Brésil, ou les gouvernements néo-libéraux des années 1990 (Fujimori au Pérou, Collor de Mello au Brésil, Bucaram en Équateur…). Ces derniers, tout en étant dirigés par des « hommes forts » élus dans des contextes de crise politique, avaient renoué avec des pratiques d'appel au peuple, d'immédiation avec la société selon de nouvelles procédures (cathodiques, par exemple dans les années 1990, numériques aujourd'hui), de pouvoir fortement incarné, en étant parfois directement issu des anciennes organisations populistes (Menem en Argentine). Mais en abandonnant les politiques redistributives et d'intervention économique caractéristiques des « vieux populismes en Amérique latine », ils participeraient des « néopulismes » définis à partir de « la fusion entre populisme et néolibéralisme » qu'ils négocient (Freindenberg, 2007).. 1 « Mélenchon, le populisme assumé », France Inter, L'édito politique, 29 août 2017 : . 2 Pierre Rosanvallon, « Penser le populisme », 27 septembre 2011: http://www.laviedesidees.fr/Penser-le-populisme.html.
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hal-02358147 , version 1 (11-11-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02358147 , version 1

Citer

Luc Capdevila, François Vergniolle de Chantal, Jean-Christian Vinel. Populismes dans les Amériques. IdeAs : idées d'Amérique, 2019. ⟨hal-02358147⟩
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