Développer ses compétences interactionnelles de tuteur en LE à travers un dispositif de visioconférence en ligne : analyse multimodale du sourire dans l'interaction pédagogique
Résumé
Notre communication a pour objectif de documenter les compétences sémio-techno-pédagogiques (Guichon, 2011), interactionnelles et réflexives d'apprenti.e.s enseignant.e.s en situation de tutorer à distance des apprenant.e.s de français langue étrangère. Nous nous appuyons sur un dispositif pédagogique - VADIM (Visioconférences pour l'Apprentissage de la langue - Démarche Interculturelle et Multimodale) - qui a permis de recueillir un corpus de données écologiques et de recherche : enregistrements des visioconférences de 31 binômes sur une période de deux mois, réponses aux questionnaires pré et post tutorat, clavardages, synthèses réflexives et journaux de bord. Pour analyser les compétences émotionnelles (Mikolajczak, 2014) développées par les tuteur.rice.s, nous avons choisi, dans une première étude exploratoire, de nous focaliser sur le sourire. Qu'il soit de nature spontanée ou bien produit volontairement (Frank & Ekman, 1993), on lui reconnaît une fonction d'outil social au service de l'interaction (Crivelli & Fridlund, 2018) et la variété des contextes dans lesquels il intervient témoigne de sa polyvalence. Régulièrement mobilisé par les tuteur.rice.s lors des séances, le sourire est aussi fréquemment mentionné par ces dernier.ère.s dans leurs journaux de bord comme un indicateur de l'état affectif de leurs tutoré.e.s. A partir des données transcrites et annotées suivant l'approche de Norris (Norris, 2019), nous présenterons deux études de cas nous permettant d'identifier différentes combinaisons mimicogestuelles accompagnant le sourire ainsi que les actes pédagogiques dans lesquels il est impliqué. Nos analyses nous montrent que, dans ce contexte de défi communicationnel caractérisé par les aléas techniques, l'insécurité linguistique des apprenant.e.s ou professionnelle des tuteur.rice.s et la relation duelle, le sourire semble concourir au confort de l'échange, en instaurant par exemple de la connivence lors de la manipulation de l'environnement technologique (déclenchement du chat, partage d'écran et de documents). D'autres phénomènes moins conscients sont aussi observables telle que l'échoisation des gestes et mimiques, contribuant eux aussi à la performance interactionnelle.