"L’esprit heureux se déroule en ornements". Sculpture et décoration en France, au temps de Rodin - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2009

"L’esprit heureux se déroule en ornements". Sculpture et décoration en France, au temps de Rodin

Résumé

« L'esprit heureux se déroule en ornements » 1 Sculpture et décoration en France, au temps de Rodin En 1902, le critique Edmond Claris publie les résultats d'une enquête auprès de diverses personnalités du milieu artistique parisien en posant cette unique question : « Pensez-vous, comme Baudelaire, que les sculpteurs doivent se borner à un art ornemental, restreint à la recherche d'un idéal de beauté, à la combinaison de formes harmonieuses, ou qu'ils doivent relever le défi du poète en s'attaquant à la réalité, à la science des valeurs, à la perspective ? en un mot, la sculpture peut-elle et doit-elle rivaliser avec la peinture ? » 2 C'est la formulation de la question qui nous intéresse ici. Elle ravive, certes, l'éternel « paragone », cet affrontement théorique entre peinture et sculpture, mais en se servant d'un paramètre inédit, celui d'« art ornemental », équivalent d'« idéal de beauté », de « combinaison de formes harmonieuses », opposé à « réalité », « science des valeurs » et « perspective ». Il synthétise ainsi les enjeux liés à la sculpture-autonomie, rapport au matériau et à l'espace, rôle social-tels qu'ils ont été compris depuis au moins la « querelle du relief » relancée par Falconet, reprise et sans cesse enrichie tout au long du XIXe siècle 3. La référence à Baudelaire est explicite : en 1846, le poète et critique avait cru pouvoir trancher en niant à la sculpture toute possibilité de se hisser au même niveau d'expressivité que la peinture, la rejetant ainsi hors de la « modernité » 4. Cet art n'avait eu sa raison d'être qu'aux « âges symboliques » et aux époques où, « complémentaire », il s'était associé « humblement à la peinture et à l'architecture » pour « servir leurs intentions », à l'exemple des « sculptures qui ne font qu'une chair et qu'un corps » avec les cathédrales ou du « peuple des statues » égayant les bosquets de Versailles 5. Au début du nouveau siècle, au vu de l'oeuvre de Rodin et de Rosso, Claris entend revenir sur cette condamnation. Cependant pressé de démontrer que l'impressionnisme peut exister en sculpture comme en peinture, il ne s'aperçoit pas que les termes de la question ont subi quelques glissements, de sens comme de valeur, et que des pratiques nouvelles ont rendu la « modernité » parfaitement compatible avec l'« ornemental » et le « décoratif ». Un pan important de l'oeuvre de Rodin-celui que cette exposition se propose de mettre en valeur-ne serait pas concevable en dehors du large mouvement qui, mené par des artistes et des théoriciens, a abouti à cette réconciliation.
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Dates et versions

hal-02330196 , version 1 (23-10-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02330196 , version 1

Citer

Rossella Froissart. "L’esprit heureux se déroule en ornements". Sculpture et décoration en France, au temps de Rodin. Rodin. Arts décoratifs et décoration monumentale, 2009. ⟨hal-02330196⟩
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