De la mise en scène du scandale au scandale de la représentation, les moralités dramatiques d’expression française (XVe-XVIe siècles)
Résumé
Dans la culture théologique du Moyen Âge, le scandale est une notion centrale mais relativement diffuse, jusqu’à ce qu’une typologie soit proposée au XIIIe siècle. « Esclandre » puis « scandale » font alors leur entrée dans la langue vernaculaire. Aux XVe et XVIe siècles, ils sont employés par diverses formes théâtrales, notamment les moralités. Ces jeux pédagogiques, diffusés souvent par des intellectuels, s’intéressent au scandale dans la mesure où ils y voient un paradoxe: objectif à dénoncer en le révélant sur scène, il offre des types de personnages, des mises en scène, et une forme particulière de communication morale avec le spectateur. Au début du XVIe siècle, se produit une importante remise en perspective du scandale par les penseurs réformés. Les catégories sont bouleversées, des tensions se produisent entre loi et liberté, entre ordre et désordre, et se répercutent dans les champs politiques, sociaux et culturels. De 1520 à 1550, la moralité dramatique connaît une croissance exceptionnelle dans un espace public en crise où elle apporte réflexions et débats. Puis, surveillée, souvent condamnée, elle doit, au milieu du XVIe siècle, faire face aux ambiguïtés «scandaleuses» dont elle avait fait la source de son succès
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