“Culture du rire” contre “bon goût” ? Le débat sur le théâtre à Vienne au XVIIIe siècle
Résumé
Cet article retrace la manière dont le théâtre "d'en haut" a tâché d'éliminer le personnage du bouffon autrichien (Hanswurst) et le théâtre "d'en bas" des scènes germanophones. L'Aufklärer allemand Gottsched s'applique ainsi à exclure de la comédie et de l'esthétique toutes les formes comiques qui pourraient heurter la morale en raison des passages improvisés. Les tentatives entreprises par Gottsched pour bannir Hanswurst des scènes germanophones à partir de 1730 trouvèrent écho à partir du milieu du XVIIIe siècle en Autriche auprès des représentants du "joséphisme", la variante autrichienne de l'Aufklärung: Engelschall puis Sonnenfels perpétuent les attaques de Gottsched contre le théâtre improvisé à la Hanswurst et Bernardon.
La suppression de l'improvisation et du burlesque voulue par Gottsched eut en tout cas pour effet, y compris à Vienne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, que la comédie littéraire et "régulière" l'emporta sur la farce, le texte écrit sur le jeu scénique et l'intention pédagogique sur le divertissement. On assista alors à une sorte de littérarisation de la comédie, observable également à Paris ou à Venise à la même époque, à une rupture de plus en plus nette avec la tradition comique populaire locale ainsi qu'à un renforcement de la dichotomie entre "haute" et "basse" littérature.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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