, Il n'est donc jamais spécifié quelle devrait être la taille limite du territoire de la monnaie (en superficie et nombre d'habitants). Il n'est pas non plus annoncé de données pour la pérennité de la monnaie, aucune indication de superficie, et rarement de limites (sauf pour le site de Cairn)

, Pour ce qui relève des objectifs économiques quantitatifs, comme la création d'emplois, la capacité du territoire à couvrir les besoins vitaux ou quotidiens, il n'y a jamais de données précises, ni de l'état initial ni de l'état à atteindre

, On peut s'interroger si le vocable réseau ne serait pas le plus à même d'être la référence : réseau de partenaires, d'idées, d'usagers, d'acteurs, etc. Selon les critères géographiques, pourtant perfectibles puisque manquent encore les critères inhérents au versant symbolique et identitaire du territoire, le constat est tout aussi décevant et non, le territoire n'est pas pensé pour la monnaie, pour qu'elle puisse atteindre les objectifs fixés que sont la circulation, la création d'emplois, les ressources exploitables, etc. Et inversement les objectifs dédiés à la monnaie ne sont pas spécifiques au territoire en tant que support préexistant. Pour celui-ci, le plus souvent, il est fait référence à celui du découpage politique : une commune, une région, un pays, Par l'étude lexicologique des sites des monnaies locales françaises, on repère que le vocable territoire est fréquemment utilisé

. Pourtant, Si la proximité géographique, le local sont les éléments de la modernité économique, le chantier qui est face à nous est bien l'articulation entre les ressources territoriales de tous ordres, qui ne peuvent donc pas être prédéfinies de manière générale

O. Lazarotti, Selon les sites des monnaies locales étudiés, celles-ci ambitionnent, par une « territorialisation croissante des comportements » (Guigou, 1977), un développement de l'identité d'un territoire et au fait de le démarquer, de faire preuve d'une forme d'« anti-mondialisation ». Le principal ressort repéré est la proximité, l'existence d'un réseau d'acteurs (utilisateurs et partenaires de la monnaie), de création de circuits courts, etc., comme ressource à ce développement endogène par la création de richesses. Mais, quid des autres dont « celles qui sont encore virtuelles, puisqu'elles n'existent pas tant que l'action qui va les faire naître n'est pas engagée » (Pecqueur, 2006) ? Pour apporter une réponse à notre problématique, la monnaie locale complémentaire sera effectivement un acteur territorial, si et seulement si, la question du local, de sa (ses) valeur(s), de ses relations local/global, des relations homme-espace, de la définition quantitative et qualitative des ressources et de l'explicitation de leur usage partagé sont clairement annoncés et spécifiques à chacune des monnaies. Et nous complétons par la nécessaire prise en considération de l'importance des savoirs territoriaux et de leur compréhension pour la définition des objectifs spécifiques de chacune des monnaies afin de favoriser la plus large utilisation possible, des autres monnaies locales) : il s'agit donc bien de penser son espace-support, non pas comme un réseau mais bien comme un territoire (voire éventuellement un territoire élastique) et, en aucun cas, comme le territoire d'un habiter poly-topique, voire mondialisé (M. Stock, 2006.

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