, Une telle vision de la réalité a été défendue par l'école historiciste, mais ce n'est pas à elle que souscrivent les entrepreneurs ! La notion d'incertitude telle que définie par Knight et reprise par John Keynes (dans un rare moment de lucidité) rend caduque une telle approche. A l'heure où j'écris ces lignes, demain n'existe pas et n'est pas encore écrit. Je peux encore le changer. A ma mesure, certes, mais je peux encore le changer. Ainsi, comme le fait remarque Peter Bernstein dans sa remarquable histoire du risque 15 , l'incertitude nous rend libres. Nous ne sommes pas prisonniers d'un futur inévitable et déjà écrit, ou écrit par d'autres. Nous en sommes les acteurs et on retrouve là le principe du pilote dans l'avion de l'effectuation. Si tout n'était que probabilités, nous ne pourrions être au mieux que des joueurs de casino, calculant des probabilités et attendant le résultat en priant les dieux que le sort nous soit favorable, Poussant plus loin le raisonnement, on peut même dire que l'incertitude est la matière première de l'entrepreneuriat

P. Bernstein, Une telle représentation peut amener à penser que l'entrepreneuriat n'est réservé qu'à une élite possédant quelque caractéristique rare. Or rien n'est plus faux. Les travaux de Saras Sarasvathy montrent au contraire que l'entrepreneuriat est une activité comme une autre ouverte à tous. Non pas que tout le monde doive devenir entrepreneur. Comme toute activité (peinture, course à pied, comptabilité), l'entrepreneuriat plaira à certains et pas à d'autres. Mais il n'y a nulle magie derrière, simplement l'application de quelques principes fondamentaux qui peuvent s'apprendre. Ils ne sont pas une recette assurée de succès, bien sûr. Mais ils peuvent permettre à tous ceux qui le souhaitent de s'engager dans une démarche entrepreneuriale totale (création d'entreprise) ou partielle (association, implication dans la vie locale, etc.) Au final, l'Effectuation promeut une vision optimiste dans laquelle il n'y a pas de déterminisme et chacun peut être plus en contrôle de sa vie, Plus forts que les dieux -la remarquable histoire du risque », Flammarion, 1998.

, Ouvrage fondamental sur l'Effectuation écrit par les experts du sujet dont Saras Sarasvathy elle-même. Explications théoriques solides, mais également très pratique car bourré d'exemples parfois très originaux et instructifs, 2010.

T. Blekman, Cet ouvrage présente l'Effectuation dans un contexte de grande entreprise, Corporate Effectuation » Sdu Uitgevers, 2001.

C. Risque and . Noir, prédiction : Nassim Nicholas Taleb « Le hasard sauvage : Comment la chance nous trompe, Belles Lettres, 2009.

N. Nicholas-taleb-«-le-cygne-noir, Un livre fondamental, très accessible, sur la prévision et le risque, La puissance de l'imprévisible », Belles Lettres, 2010.

G. Berger, J. De-bourbon-busset, and P. Massé-«-de-la-prospective-;-»,-l'harmattan, Un ouvrage intéressant pour une perspective française sur l, Textes fondamentaux de la prospective française, 1955.

P. Bernstein, Livre intéressant même si Bernstein n'a pas vraiment saisi la différence fondamentale entre risque et incertitude, Plus forts que les dieux -la remarquable histoire du risque, 1998.

F. Knight and . Risk, Un livre ardu, surtout au début, mais fondamental pour le lien qu'il établit entre incertitude et profit et la distinction qu'il établit entre risque et incertitude. La lecture est plus facile à partir du chapitre VII. Hélas, comme beaucoup d'ouvrages importants, 2006.

E. Startup, Plaisant à lire, « lean » est une version light de l'Effectuation. Se ramène à l'idée de démarrer rapidement et savoir s'adapter aux circonstances, 2012.

, Philippe Silberzahn est professeur d'entrepreneuriat et d'innovation à EMLYON Business School et chercheur associé à l'École Polytechnique (CRG), où il a reçu son doctorat

. Il and . De, Son prochain ouvrage « Constructing Cassandra : Reframing intelligence failure at the CIA, 1947-2001 » co-écrit avec Milo Jones, une étude des sources organisationnelles des surprises stratégiques, paraîtra à l'été 2013. Ses travaux portent sur la façon dont les organisations gèrent les situations d'incertitude radicale, sous l'angle entrepreneurial avec l'étude de la création de nouveaux marchés et de nouveaux produits, et sous l'angle managérial en s'intéressant à la gestion des ruptures, de l'innovation, des surprises stratégiques et des problèmes complexes ("wicked problems") par les grandes organisations. Il a plus de vingt ans d'expérience en industrie comme entrepreneur et dirigeant d'entreprise, ayant participé à la création ou l'acquisition de quatre entreprises de technologie, et comme consultant international. Jusqu'en 2009, il était dirigeant de Digital Airways, une startup spécialisée dans le logiciel dont il était le co-fondateur. Avant de rejoindre EMLYON, il était professeur d'innovation à Vlerick Business School, The balancing act of innovation" avec Walter Van Dyck paru chez LannooCampus en décembre 2010, et de "Objectif Innovation: Stratégies pour construire l'entreprise innovante" avec Jean-Yves Prax et Bernard Buisson paru chez Dunod en 2005, 2004.