« S’émanciper sans se faire tuer ». Perspectives historiques de féminicides en France (1789-1860)
Résumé
Cette communication se propose d’explorer, à partir des archives
judiciaires issues de la cour d’assises du Rhône sur la période 1789-
1860, le lien entre recherche d’émancipation et féminicide à partir
de la question suivante : le féminicide est-il une réaction/réponse
masculine aux tentatives d’émancipation féminine ? Si le féminicide
n’a été défini que récemment, dans les années 1990, comme le meurtre
d’une femme parce qu’elle est une femme, le fait social qu’il désigne
n’a pourtant pas attendu d’être nommé pour exister. D’autres sociétés,
à d’autres époques, font état de meurtres de femmes en tant que
femmes, lesquels se caractérisent par une violence léthale sur une
personne dont la féminité joue un rôle dans la réalisation de l’acte.
La féminité désigne ici le fait d’être considérée comme vulnérable,
appropriable, contrôlable, ou encore punissable en dehors du cadre
de la loi. Le féminicide est, par ailleurs, souvent le fait d’hommes qui
s’octroient le droit et/ou le pouvoir de mettre à mort une personne
prétendant échapper à leur contrôle ; il y aurait donc un phénomène
de tentative d’émancipation sous-jacent au féminicide.