B. , La mise en italique indique non seulement la présence d'un discours autre, mais aussi la présence d'une langue autre. Les frontières entre les deux discours et les deux langues, l'arabe et le français, se tracent par la ponctuation employée (la virgule et le point final), mais aussi par la mise en italique, comme dans l'énoncé suivant: Selon l'historien Ibn al-Athir, qui passera sa vie au service des atabeks de Mossoul

. Antioche, car ils étaient très affaiblis et leur provisions étaient rares. Les défenseurs, en revanche

, La virgule au début du discours rapporté et le point final à sa fin jouent un rôle important dans l'énoncé ci-dessus, celui du traçage de frontières, entre la langue du transmetteur et celle du narrateur, le discours de cela et celui de ceci. Ainsi, l'énoncé ci-dessus comprend: 1. un discours dans le discours, La mise en italique indique la présence du discours de l'historien ibn al-Athir, rapporté en sa langue initiale, l'arabe, vol.2

. L'historien-de-mossoul-exagère-À-peine, Les Franj eux-mêmes craignaient une ruse, car il n'y avait pas encore eu de combat qui justifie une telle fuite. Aussi préférèrent-ils renoncer à poursuivre les musulmans!" Karbouka peut ainsi regagner Mossoul sain et sauf avec les lambeaux de ses troupes

, Autrement dit, le transmetteur anonyme rapporte le discours de l'historien de Mossoul, qui est le narrateur, Dans l'énoncé ci-dessus, nous tirons 1. un mot dans le mot

, présence des guillemets et l'absence de la mise en italique. Nous pouvons ainsi présupposer que le discours qui tombe entre guillemets fut traduit et rapporté en français par le transmetteur

, Les frontières s'établissent ici entre "à peine" et "Les Franj" au début de l'énoncé, mais aussi entre "musulmans!" et "Karbouka". La fluctuation des discours prend la forme suivante x -y -x'. Autrement dit, énoncé x -énoncé yénoncé x'. De cela, nous tirons la remarque suivante: l'énoncé ci-dessus est l'arène où jouent trois énoncés, un énoncé initial x, un énoncé-réplique y et un énoncé-commentaire x'. Les limites de l'énoncé sont déterminées par le changement des sujets du discours. Chaque énoncé possède un achèvement intérieur spécifique. L'énoncé ne se contente pas de désigner son objet, comme le fait la proposition, mais il exprime son sujet, L'énoncé comprend les traces d'un autre narrateur dont le discours est rapporté par le transmetteur en discours direct. Pourtant, la langue par laquelle cet énoncé fut rapporté n'est pas l'arabe classique, langue du narrateur B, mais le français, langue du transmetteur A

, Conclusion La démarche analytique que j'ai proposée au début de cette étude consiste à prendre une seule trace, c'est-à-dire un seul mot étranger, ici le mot arabisé franj, et de tracer son développement, plutôt son évolution dans des hypotextes donnés, mais aussi sa finalisation dans un hypertexte, p.19

. Sur-le-plan-de-la-mise-en-italique, exemple des énoncés précédents ne marque pas seulement la présence d'un discours rapporté, un discours dans le discours, mais bien plutôt la présence d'une langue autre, l'arabe classique, dans la langue principale du narrateur A, qui est le français. Par contre, son absence indique que la langue autre, ici l'arabe classique, fut traduite et rapportée en français, langue du transmetteur. La modalité qui nous a permis de procéder dans l'analyse est celle de l'interprétation. Celle-ci exige une analyse plus profonde de l'énoncé, une interprétation basée sur les données culturelles

, Sur le plan des traces dialogiques dans les deux langues, l'arabe et le français, j'ai démontré leur omniprésence dans le texte romanesque d'Amin Maalouf

, L'analyse approfondie nous a aidés à voir ce que le "mot plein" dont parle Kristeva peut nous révéler sur le plan des composants linguistiques, lexicaux, sémantiques et morphologiques

, divulguer le dialogue le plus micro sur le plan du "mot" même, mais aussi à divulguer les composants intérieurs du "mot" pour révéler les "sujets" impliqués dans le dialogue établi entre plusieurs mots

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