Le courtisan humilié : les risques de l’éloge sous le règne de Louis XIV
Résumé
De 1657 à sa mort en 1687, toute la carrière du P. Rapin s’est faite auprès des Grands. Ce « jésuite mondain » s’est efforcé de rassembler les connaissances du siècle à destination de l’honnête homme. Sa prose savante a l’aisance du sermo humilis, caractéristique du style épistolaire cicéronien et, désormais, de la conversation mondaine. Grâce à un ethos modeste, le critique montre qu’il connaît bien sa place. Dès 1674, ses Réflexions sur la poétique font de lui un courtisan qui revendique la discrétion : « souffrez que je me cache », proteste-t-il dans son épître au Dauphin, où se trouve posé le problème du discours épidictique dans la société de cour. En 1686, il réunit quatre panégyriques illustrant le « sublime dans les mœurs ». Mais l’attribution à Condé du « sublime de la retraite » déplaît à son fils le duc d’Enghien, ce qui l’oblige à publier en réparation Le Magnanime, ou l’éloge de Condé, en 1687. De l’humiliation consentie à l’humiliation subie, quelle a été l’attitude de Rapin ? A-t-il pleinement accepté de s’abaisser pour plaire, ou bien a-t-il conservé à l’épidictique une forme de problématicité ?