Faire fortune au Sahara : quand les femmes s’en mêlent (1920-1964)
Résumé
(extrait) "En quittant l’espace privé de la tente, réservé aux femmes, pour se glisser dans l’espace public, réservé aux hommes, Moutha bouleverse l’ordre établi : elle se lance dans des activités commerciales estampillées «masculines», qui la conduisent à se déplacer, à voyager, à occuper à la fois l’espace familier et l’espace lointain. Moutha a marqué les mémoires tant par ses voyages vers l’Europe que par ses prises de position publiques et son engagement politique. S’immisçant avec succès dans les prés carrés masculins, Moutha, comme quelques autres femmes de l’époque, fait voler en éclats les normes de genre. De son mariage aux aventures amoureuses qui lui sont prêtées par la suite,il semble que la jeune femme ait joué
de ses charmes et du pouvoir qu’il confère sur les hommes pour capitaliser et investir dans les affaires. En cela, elle n’enfreint pas les règles, puisque les femmes maures sont autorisées (et d’autant valorisées) à se montrer coquettes, décidées, séductrices, audacieuses
et dominatrices face aux hommes. Mais cette subordination consentie du masculin au féminin, dans le cadre des rapports de séduction,
ne doit pas être montrée au grand jour. Elle doit demeurer dans l’espace privé, en périphérie du regard social, car, au grand jour, c’est
la subordination du féminin au masculin qu’il faut mettre en scène, c’est elle qui doit se jouer devant tous".