Observations des compositeurs français et allemands sur la musique religieuse en Italie à l’époque de Rossini, Bellini et Donizetti

Matthieu Cailliez (1)

1 LUHCIE - Laboratoire Universitaire Histoire Cultures Italie Europe

Nombreux sont les musiciens français et allemands qui voyagent en Italie dans la première moitié du XIXe siècle, assistent à des cérémonies religieuses et comparent l’état de la musique religieuse dans les trois pays. La lecture croisée des écrits et de la correspondance de trois compositeurs français, Auguste-Louis Blondeau, Ferdinand Hérold et Hector Berlioz, et de deux compositeurs allemands, Felix Mendelssohn Bartholdy et Otto Nicolai, qui effectuent de longs séjours en Italie entre 1809 et 1841, permet de relever des constantes dans la description de la musique religieuse italienne. Ces compositeurs constatent l’invasion en son sein de la musique lyrique et des airs d’opéra, et condamnent le mélange des genres entre musique religieuse et musique profane. Ils observent unanimement une profonde décadence de la musique instrumentale italienne et se montrent sévères aussi bien à l’égard des différents musiciens d’orchestre qu’à l’encontre des organistes. Seule la musique religieuse a cappella, telle qu’elle est pratiquée par les chanteurs de la chapelle Sixtine au Vatican sous la direction de l’abbé Giuseppe Baini, trouve en partie grâce à leurs yeux. Les cérémonies religieuses, le culte des œuvres de Palestrina et l’exécution du "Miserere" d’Allegri durant la Semaine sainte retiennent toute leur attention. Lauréats du prix de Rome, rémunérés et hébergés à ce titre à la villa Médicis, les trois compositeurs français passent la plus grande partie de leur séjour italien dans la ville éternelle. Influencé par le "Voyage en Italie" de Goethe, Mendelssohn partage la prédilection de l’écrivain allemand pour Rome, tout comme Nicolai qui y exerce pendant plusieurs années la fonction d’organiste de la chapelle de l’ambassade du roi de Prusse. Cela n’empêche pas les cinq compositeurs de voyager à travers toute l’Italie, en particulier à Turin, Milan, Venise, Bologne, Florence et Naples, et d’avoir une vision d’ensemble de la pratique musicale dans un pays qui n’a pas encore réalisé son unité nationale. Leurs préjugés à l’encontre de la musique religieuse italienne n’ont rien de personnel et s’inscrivent au contraire dans une lecture historique des constructions identitaires alors caractérisée par la linéarité des historiographies nationales.

Mots clés: Charles Burney; Rome; Villa Médicis; chapelle Sixtine; bel canto; Miserere d'Allegri; Adolphe Adam; maître de chapelle; Italie; XIXe siècle; Vatican; mouvement cécilien; Carl Proske; Gioachino Rossini; Gaetano Donizetti; Vincenzo Bellini; Hector Berlioz; Ferdinand Hérold; Auguste-Louis Blondeau; Gaspare Spontini; Eugène Scribe; Felix Mendelssohn; Giuseppe Baini; Padre Davide da Bergamo; Otto Nicolai; Franz Liszt; musique religieuse; opéra

Domaines: Musique, musicologie et arts de la scène

Matthieu Cailliez. Observations des compositeurs français et allemands sur la musique religieuse en Italie à l’époque de Rossini, Bellini et Donizetti. Andreas Nijenhuis-Bescher, Susanne Berthier-Foglar, Gilles Bertrand, Frédéric Meyer (dir.). Frontières et altérité religieuse. La religion dans le récit de voyage, XVIe-XXe siècle, Presses universitaires de Rennes, pp.181-194, 2019, Collection "Histoire", 978-2-7535-7784-8. ⟨hal-02285664⟩