Subordination et coordination en français préclassique et classique - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Subordination et coordination en français préclassique et classique

Résumé


Si les études sur la coordination s'intéressent surtout à ses propriétés sémantiques (par exemple, Antoine, 1958, Serbat, 1990, Haspelmath, 2007, Rousseau, 2007), les analyses syntaxiques la considèrent généralement sous l'angle de l'équivalence ou de l'identité fonctionnelle : la coordination est généralement définie comme «un type d'expansion caractérisé par la mise en relation de deux ou plusieurs unités [...], réunies dans un même cadre syntaxique mais n'entretenant entre elles aucun rapport fonctionnel» (Neveu, 2004:84). À partir de cette définition, les grammaires, à l'instar de la GMF, établissent le caractère adjectival des subordonnées relatives à antécédent nominal en se fondant sur des exemples du type (1) :

(1) Un souriceau tout jeune et qui n'avait rien vu. (La Fontaine, 1668, cité par Riegel et al., 2009:797)

Nous pouvons néanmoins nous demander si cette définition rend pleinement compte de l'identité fonctionnelle de ce type de subordonnée d'une part, et du fonctionnement syntaxique de la coordination de l'autre. Les exemples suivants (2 et 3), sans pour autant apparaître étranges ou agrammaticaux, semblent mettre à mal cette analyse.

(2) Ainsi l'ordre et l'vnion hypostatique est establie au monde. Dieu en la creation fit l'ordre de la nature, et au mesme temps il establit l'ordre de la grace en la terre, et celuy de la gloire au ciel : trois ordres differents et admirables, et dans lesquels il a voulu donner part à l'homme. (Bérulle, 1623)

(3) Quelle force, quelle énergie, quelle secrète vertu sent en elle-même cette âme, pour se corriger, pour se démentir elle-même et rejeter tout ce qu'elle pense! Qui ne voit qu'il y a en elle un ressort caché qui n'agit pas encore de toute sa force, et lequel, quoiqu'il soit contraint, quoiqu'il n'ait pas son mouvement libre, fait bien voir par une certaine vigueur qu'il ne tient pas tout entier à la matière et qu'il est comme attaché par sa pointe à quelque principe plus haut? (Bossuet, 1662)

Dans ces exemples, la conjonction apparaît en effet davantage énonciative que syntaxique, et son rôle se saisit plutôt en termes d'acte de parole que de fonction. Il y a là comme un renforcement argumentatif du membre coordonné, à l'instar de la «coordination différée» dont parle Nathalie Fournier dans sa Grammaire du français classique (2002:95). Néanmoins, dans ces exemples, il n y a pas seulement saturation du prédicat de la proposition matrice, mais également de la construction référentielle des antécédent des pronoms relatifs coordonnés. Ces occurrences nous invitent ainsi à étudier non seulement la relation instituée par la conjonction entre les unités qu'elle relie ou semble relier, mais également le statut de la subordonnée relative coordonnée qui ne peut pleinement se réduire, dans ces cas de figure, à une fonction adjectivale. Nous proposons dans notre contribution d'étudier, à partir d'un corpus de textes littéraires, la façon dont les locuteurs coordonnent les subordonnées relatives dites «adjectives», et d'observer à quels constituants elles se coordonnent effectivement. Nous nous concentrerons sur la période préclassique et classique (1580-1720) dans la mesure où cela nous permettra d'analyser la façon dont le pronom-déterminant LEQUEL se comporte au regard des pronoms relatifs simples dans ces problématiques et ce tandis qu'il subit, après l'âge d'or du Moyen français, une marginalisation d'emploi frappante en discours (cf. Lorian, 1973 et Kuyumcuyan, 2012). Cela nous permettra également de vérifier l'hypothèse selon laquelle son emploi correspond à un «lien lâche» dans l'énoncé (cf. Touratier, 1980:450), assimilable à une coordination et non pas à une subordination syntaxiquement hiérarchisée. Enfin, cela nous permettra de mettre en relation ces phénomènes avec la construction périodique des énoncés du temps (cf. Goux, à paraître), et le rôle de la coordination dans celle-ci.

Nous tâcherons de répondre dans notre contribution à trois grandes questions : (i) dans quels contextes syntaxiques rencontre-t-on ces subordonnées relatives coordonnées? (ii) existe-t-il une différence d'emploi des coordinations entre pronoms relatifs simples et pronom-déterminant, ou entre les différentes fonctions occupées par les pronoms relatifs? (iii) doit-on réellement considérer les subordonnées relatives adjectives «comme des adjectifs» ou bien leur rôle, à l'époque classique tout du moins, est-il plus complexe dans les énoncés ?

Bibliographie indicative disponible sur : https://docplayer.fr/77636793-Diachro-viii-resumes-strasbourg-les-2-3-et-4-fevrier-colloque-international-de-diachronie-du-francais-conferences-plenieres.html . (p.19)

Domaines

Linguistique
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02277565 , version 1 (03-09-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02277565 , version 1

Citer

Mathieu Goux. Subordination et coordination en français préclassique et classique. Colloque DIACHRO 8 : Le français en diachronie : moyen français, segmentation des énoncés, linguistique textuelle, Feb 2017, Strasbourg, France. pp.107-120. ⟨hal-02277565⟩
142 Consultations
0 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More