, On peut établir le même constat pour d'autres localités du Sud-Ouest aquitain. À Agen, si des vins de Bordeaux sont parfois offerts 122, les consuls choisissent aussi des productions locales comme du vin de Péricart destiné au frère du Roi et à l'intendant lors de leur passage en 1777 123. Quant à Bayonne, à côté des nombreux présents de vins espagnols, prennent place les vins de sable de Capbreton et d'Anglet 124. Des bouteilles de Capbreton sont ainsi offertes à l'infante d'Espagne en 1720 comme à la Dauphine en 1744 125, même si la réputation de ces vins de la côte recule au cours du siècle face au succès de leurs voisins bordelais. Les dons de vins espagnols et de vins locaux illustrent bien la double tendance d'une gastronomie naissante marquée par l'ouverture commerciale et l'attachement au terroir. Parmi les cadeaux, que l'on peut considérer comme emblématiques de cet espace régional, il faut accorder une place à part au jambon. En effet, même s'il s'agit d'une production locale, c'est un présent alimentaire que l'on rencontre presque partout. Les corps de ville de Bordeaux et de Mont-de-Marsan, la Chambre de commerce de Bordeaux et bien entendu les magistrats de Bayonne font expédier des jambons à leurs protecteurs. Des factures bayonnaises nous indiquent d'ailleurs que les magistrats font appel à des marchands d, les jurats en 1763 119, et qui deviennent des dons fréquents jusqu'en 1789. Des bouteilles de Haut-Brion sont aussi parfois offertes 12°. L'identification des vins de Bordeaux parmi les cadeaux rencontrés correspond donc bien à la chronologie de la naissance des grands crus au XVIIIe siècle décrite par Henri Enjalbert m

, D'autres cadeaux peuvent aussi refléter les potentialités alimentaires locales

, En Périgord, les truffes et les dindes truffées sont choisies pour leurs qualités gastronomiques, mais aussi pour la représentation symbolique qui les unit à la région. Parmi les comptes et les factures de la noblesse, ils sont les présents quasi uniques. Dans son livre de raison, Mr de Montancieux note l'envoi de deux dindes farcies de truffes vers Paris en février 1748 128. D'Arlot de la Roque en fait expédier deux à Paris en février 1749 129. Le chevalier de Cablan dépense 24 livres en 1788 auprès du traiteur Courtois pour la préparation là encore d'une dinde farcie de truffes destinée à Mr de Saint Maine à Paris 13°, Profitant de la proximité de l'Océan, les édiles du port de pêche de Capbreton font ainsi don d'un turbot en 1778 127

H. Enjalbert, «Comment naissent les grands crus», art. cité. 122. AM Agen, CC 444, CC 467. 123. AM Agen, vol.469

R. Cuzacq, . Sable, . Anglet, . Bayonne», . Bull et al., Lettres et Arts de Bayonne, pp.253-264, 1973.

. Ad-dordogne, 23 J 90, livre journal de Mr de Montancieux, pp.1748-1776

. Ad-dordogne, , vol.2