Right to privacy, public's right to know and whistle-blowers in the algorithmic governance era
Protection de la vie privée, droit du public à l’information et lanceur d’alerte à l’ère de la gouvernance algorithmique
Résumé
Au nombre des enjeux qui se présentent dans notre société numérisée figure en bonne place la protection de la vie privée (Cassili, 2014). Les risques sont nombreux, protéiformes et complexes. Si la nécessité de la protection contre les ciblages commercial et politique commence à être mieux reconnue, c’est largement grâce aux lanceurs d’alerte comme Edward Snowden, qui a révélé l’ampleur de la surveillance de masse exercée par cinq gouvernements démocratiques, et Christopher Wylie, qui a révélé les dessous du scandale Facebook-Cambridge Analytica, remettant en question tant les résultats des élections étasuniennes de 2016 que ceux du référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne tenu la même année. L’adoption de lois protégeant les lanceurs d’alerte tant en Amérique du Nord qu’au sein de l’Union européenne peut donner à penser que le droit du public à l’information et la liberté d’expression se portent bien et que les développements technologiques font désormais l’objet d’un monitoring rigoureux. C’est oublier qu’Edward Snowden est en exil en Russie par crainte de ne pouvoir bénéficier d’un jugement équitable s’il rentre aux États-Unis (Amnistie internationale, 2016) et les nombreux cas qui font l’objet de représailles dès que le lancement d’alerte se fait dans l’espace public (Gerbet, 2019; Zafra, 2018), peu importe par ailleurs l’enjeu faisant l’objet de l’alerte. Nos sociétés d’information se seraient-elles transformées en société de surveillance où l’État détient le monopole de la surveillance légitime ? Nous proposons de revenir ici sur le cas de deux lois canadiennes visant à protéger les divulgateurs d’actes répréhensibles. Il s’agira d’abord de se pencher sur la notion de lanceur d’alerte en passant en revue la façon dont les deux lois conçoivent les facteurs du statut, de la motivation, de l’objet des révélations et des modes d’expression qui le légitiment (Foegle, 2014). L’exercice nous permettra de comparer les lois entre elles, mais aussi de les contraster avec le cas emblématique d’Edward Snowden. Au moment où on assiste à la montée d’une gouvernance algorithmique et de « sciences » prédictives reposant sur le traitement de nos traces laissées en ligne (De Filippi, 2016), notre analyse contribuera à documenter les potentialités de réalisation du droit du public à l’information et de la protection de la vie privée en contexte nord-américain.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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