Prélude : variations sur l’anonymat
Résumé
Prélude : variations sur l'anonymat Sous l'Ancien Régime, les pouvoirs craignaient les libelles et les opuscules dont le caractère anonyme était censé échapper aux foudres de la répression. L'anonymat, cependant, avant d'être lié à la censure et au pseudonyme, signalait un statut particulier de l'oeuvre avant la naissance de l'auteur, avant que celui-ci transforme l'oeuvre en prolongement de lui-même. Ce moi anonyme projeté sur les murs des grandes villes sous la forme de graffitis qui sont à la fois traces et pseudonymes, et les échanges éphémères entre inconnus rendus possibles durant cette parenthèse fugace du « gouffre téléphonique » parisien des années 1970, ne seraient-ils pas le prélude au bouillon-nement anonyme des réseaux sociaux qui surgira au xxi e siècle ? De fait, les occurrences actuelles les plus nombreuses du terme anonymat sont liées aux réseaux sociaux à travers lesquels la question de l'identification devient un enjeu social et politique majeur des relations entre expressions du sujet et limites de la censure. Dans l'optique des régimes démocratiques, l'anonymat peut masquer une pieuvre insidieuse qui ramène par un mouvement incessant de ses bras le refoulé des peurs, des haines et des obsessions contem-poraines.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
Origine : Accord explicite pour ce dépôt