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Communication Dans Un Congrès Année : 2016

La nouvelle vie des cloches

Résumé

En situation de reconversion, tous les regards sont portés vers l’architecture, vers la pierre et les transformations spatiales qu’autorise l’édifice cultuel. A contrario, les objets mobiliers appartenant au décor de l’architecture, témoins du rituel religieux font l’objet de moins d’attention car plus faciles à déplacer et à réaffecter dans de nouveaux contextes. Croix, tableaux, ambon, cathèdre, chaire, jubilé, autel, stalles, autant de symboles religieux qui d’évidence sont les premiers objets possibles à séparer de l’architecture qui les a abrité. Leur suppression est d’ailleurs un geste fort pour signifier le changement d’usage du lieu. Il est d’autant plus facile de s’en « débarrasser » qu’il est relativement aisé de les intégrer dans des collections de musée ou bien de leur trouver une seconde vie dans d’autres lieux de culte. Il est en revanche un objet mobilier singulier dont le sort est beaucoup plus délicat à trancher. Je veux désigner ici de l’ensemble campanaire. D’autant plus, que l’architecture spécifique qui l’abrite, à savoir le clocher et sa bien nommée « chambre des cloches » est fonctionnellement très marquée. Le choix de la conservation ou non de l’équipement campanaire d’un édifice religieux est problématique pour plusieurs raisons. En effet, il représente à la fois un patrimoine matériel __ en tant qu’objet d’art, les cloches font souvent partie de l’inventaire et sont à ce titre dignes d’être conservées_ et un patrimoine immatériel, bien que souvent oublié, la cloche sonne. L'ensemble campanaire est selon nos thèses un véritable objet de lutherie urbaine (Regnault, 2010) doté de caractéristiques acoustiques telles que leurs sonneries s'entendent parfois à plusieurs kilomètres et ont offert une capacité de communication intra-communautaire sans nul équivalent ; de surcroit fabrication d'une cloche, témoin de savoirs faire ancestraux, confére à l'ensemble un haut degré d’harmonicité. On parle bien ici d’art campanaire. Cette reconnaissance artisanale et musicale est largement relayée par la reconnaissance sociale de la sonnerie comme composante incontournable du paysage sonore (Corbin, 1994) des territoires qu’elle contribue à « signer ». Au delà de l’objet de culture ordinaire emblématique, la cloche est un mobilier très fortement associé à l’architecture du clocher qui, si il perd son contenu, perd de facto sa raison d’être. Donner demain une nouvelle vie à une église, sans s’interroger sur l’affectation de son appareil campanaire, n’est-il pas le signe d’une négligence allant de la méconnaissance jusqu'à l'erreur d’appréciation préjudiciable au succès de la reconversion. Par exemple, quel sens accorder au fait de garder un clocher sans cloche ? Et quand elles ont disparu, quelle nouvelle fonction donner à l’espace de la chambre des cloches ? Cette réflexion théorique est l’occasion de dresser un premier état de l’art, afin d’ouvrir le débat sur le rôle du campanaire dans la controverse des reconversions ; au delà du cas spécifique des églises, notre problématique interroge la place des ambiances sonores et de l’écoute dans les politiques patrimoniales. Plus largement, cette réflexion contribue à nourrir la question du patrimoine sonore dans les paysages habités. Quelle place à l’histoire sensible dans la construction de la ville de demain ?
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02120283 , version 1 (05-05-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02120283 , version 1

Citer

Cécile Regnault. La nouvelle vie des cloches. L’avenir des Eglises, Oct 2016, Vaulx-en-Velin, France. ⟨hal-02120283⟩
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