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Communication Dans Un Congrès Année : 2019

Formes, fonctions et valeurs du végétal dans l’espace public des villes coloniales de Marrakech, Alger, Antananarivo et Toliara : dynamique d’un « patrimoine » urbain en péril

Aude Nuscia Taïbi
Mustapha El Hannani
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 869168

Résumé

Le couvert végétal qui occupe aujourd’hui l’espace urbain des villes d’Alger, Marrakech, Antananarivo et Toliara apparaît sous différentes formes, par sa structure, son organisation et ses espèces, mais également par les fonctions et services écosystémiques variés qu’il offre. Il est l’héritage de différentes périodes que l’on peut résumer en pré-coloniale, coloniale et post-coloniale. Chaque période est caractérisée par un ensemble d’espèces et une répartition spécifiques et par des fonctions particulières.

D’une période à l’autre, les fonctions du végétal dans ces villes ont profondément changé. Durant la période coloniale, les fonctions répondaient à un souci de création d’un cadre de vie agréable et rassurant pour les populations européennes. Le choix des essences et leur disposition dans l’espace visaient des objectifs esthétiques et paysagers et de rafraîchissement de l’atmosphère par l’ombre et l’évapotranspiration. Cette organisation et ces fonctions s’apparentent à un modèle urbain colonial français que l’on retrouve dans les contextes climatiques, biogéographiques et culturels très différents de ces quatre villes. On retrouve ainsi le même modèle, voire les mêmes essences dans les villes coloniales françaises de la méditerranée à l’océan indien.

Aujourd’hui dans ces villes, ce végétal « colonial » présent dans les espaces publics en arbres d’alignement ou dans les parcs et jardins publics, est en général en assez mauvais état car mal entretenu et protégé, à l’exception de quelques parcs et jardins emblématiques.

Pourtant, ce végétal prodigue de nombreux services, notamment écologiques de régulation thermique, de régulation des pollutions de l’air et des eaux pluviales, des services sociaux et culturels procurant des bénéfices récréatifs, esthétiques, paysagers et spirituels et des services économiques d’alimentation (Dobbs et al., 2014). Ces fonctions ou services écosystémiques du végétal en ville qui sont aujourd’hui reconnus dans les pays du Nord ces dernières décennies et y sont largement intégrés dans les politiques publiques (Laille et al., 2013 ; Selmi et al., 2013 ; Mathis et Pépy, 2017), commencent tout juste à l’être dans ces villes des pays du Sud alors qu’ils sont paradoxalement particulièrement adaptés à leurs contextes et enjeux, elles sont en général chaudes, polluées, à croissance urbaine mal maîtrisée, stressantes et à forte population pauvre. Par ailleurs, les enjeux patrimoniaux de ce végétal sont également importants aujourd’hui, notamment dans un contexte de développement touristique qui cherche à diversifier ses ressources

La déliquescence de ce végétal traduit donc son inadaptation aux contextes sociaux et culturels actuels de ces villes et aux attentes de leurs habitants.

Durant la période coloniale, ce végétal avait également des fonctions spécifiques comme élément de domination (Bourget et Bonneuil, 1999) qui se sont prolongés aujourd’hui comme élément de ségrégation socio-spatiale entre populations pauvre et riche ou touriste et locaux et qui soulignent la celle créée par le bâti, la morphologie urbaine et les infrastructures, héritage historique qui est encore aujourd’hui inscrit dans l’espace de la ville. La colonisation forge une ville duelle, où le végétal est partie prenante de la dimension « hygiéniste » qui marque le modèle urbain colonial. Marqueur du territoire, ce végétal colonial s’intègre au « dessein global de contrôle », « de l’espace (le foncier, l’habitat, l’usage des lieux) et des populations, dans leurs contours, leurs identités ou leurs déplacements. » (Goerg, 2006).

Domaines

Géographie
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02116305 , version 1 (30-04-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02116305 , version 1
  • OKINA : ua19577

Citer

Aude Nuscia Taïbi, Mustapha El Hannani. Formes, fonctions et valeurs du végétal dans l’espace public des villes coloniales de Marrakech, Alger, Antananarivo et Toliara : dynamique d’un « patrimoine » urbain en péril. « Paisagem e transformações ambientais na África colonial francesa e portuguesa – o legado atual », « Paysage et changements environnementaux dans l’Afrique coloniale française et portugaise – le legs actuel », 2019, Porto, Portugal. ⟨hal-02116305⟩
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