, je ne sais pas comment ça s'appelle»), les néologismes collectifs apparaissant de trois façons: soit par la fonction et l'association spatiale (la place du marché, la rue de l'Église), soit à partir d'actions ou d'événements, soit par un véritable baptême collectif marquant une appropriation («la place rouge» à la Villeneuve de Grenoble). À partir de lieux sans noms ou de nom inconnu, l'apposition le rapport entre le langage et l'espace. Si certains néologismes collectifs se diffusent à l'échelle d'un quartier dont ils deviennent un élément d'identité, d'autres, plus restrictifs ou même jalousement réservés par ceux qui les emploient connotent fortement l'appartenance à tel groupe ou sous-groupe social. La définition de ces sous-groupes ou agrégats sociaux ne se donne pas seulement en termes de « catégories socioprofessionnelles » ; il s'agit plus concrè-tement d'une autodéfinition par laquelle l'agrégat se distingue en se reconnaissant une pratique sociospatiale propre. -L'apparence territoriale-. Dans leurs récits, les habitants citent certains lieux qui, pour eux, ne changent pas de qualité sociale. Ces lieux seraient toujours bien délimités. On pourrait donc faire une carte synchronique des répartitions sociospatiales inscrites sur le quartier et voir se définir des territoires fixés et délimités, comme en géopolitique. Or, pour l'habitant qui dit ou suggère sa reconnaissance d'un tel type de territoire, le rapport à l'espace est toujours négatif. Si les limites lui semblent aussi précises, c'est qu'il les dessine par ses évitements. La permanence qu'il attribue à l'appropriation par les autres ne provient pas de sa pratique, mais de la représentation qu'il se fait des rapports à l'espace pratiqués par autrui. Un système d'assignations territoriales se projette ainsi sur les espaces cheminés, Les procédés de dénomination les plus courants sont les suivants: la numérotation («au 14 rue Général de Gaulle»), l'appellation fonctionnelle (à la Mairie, à la Crèche), l'appellation singularisée ou particularisée («ma montée», «ce sentier»), les innommables («là

, Une fois le compte fait pour un habitant donné, des jeux d'enfants à respecter, des vélomoteurs à esquiver, des joueurs de boules, des groupes discutant au milieu du chemin, des bandes d'adolescents à contourner, des crottes de chien à éviter, parfois même des connaissances à ignorer «faute de temps», la carte territoriale se referme dans un mouvement où toutes les oppositions remplissant l'espace composent une globalité dont seul est absent le regard qui l'a ainsi recomposée. La définition territoriale permanente apparaît fictive quant au rapport physique que les occupants entretiennent avec le lieu. Elle n'a d'efficacité réelle que dans la mesure où elle permet la définition d'une appropriation momentanément impossible, ainsi le groupe dit «Maghrébin» n'apparaît tel que pour celui qui n'en fait pas partie ; ainsi les généralisations : «les enfants», «les jeunes»