Les malades de confins : vulnérabilités sociales et problématiques sanitaires à la frontière franco-italienne - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2018

Les malades de confins : vulnérabilités sociales et problématiques sanitaires à la frontière franco-italienne

Nina Bacchini
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1045681

Résumé

Cette communication se base sur des travaux de terrain réalisés depuis 2016 donc, et qui interrogent à la fois les lieux et les territoires de l’attente, dans le sens analytique qui en font L. Vidal et A. Musset, à savoir des lieux institutionnels et des espaces réappropriés de l’habiter informel. Mes recherches de terrain se sont localisées à la fois dans un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) de Villeurbanne (2017) et sur un territoire de frontière, l’une des nombreuses frontières que mes acteurs rencontrent sur leur parcours migratoire. Il s’agit de la ville de Vintimille, à 20 kilomètres de la frontière franco-italienne. Ici, j’ai utilisé une méthodologie participative, en intégrant la vie quotidienne dans la dernière tentative de campement informel dans cette ville frontalière, qui constitue une des routes principales afin d’arriver en France ou ailleurs en Europe, depuis l’Italie. Il faut ajouter que cette frontière est fermée et militarisée depuis 2015, lorsque la France a rétablit les contrôles à ses frontières, suspendant de facto les accords Schengen. A partir d'un travail de terrain, j'envisage de penser la vulnérabilité comme une forme de précarité qui peut se décliner de différentes façons sur les corps des migrants. Un premier axe envisage d’analyser l’expérience de l’attente qui peut devenir pathologique, engendrée d’une part par les dispositifs de contrôle des mobilités qui sont de plus en plus répressifs (l’attente aux frontières) ; et d’autre part, l’attente engendrée par la dense trame bureaucratique qui réglemente le parcours pour la reconnaissance de la demande d’asile (l’attente dans les structures d’asile). Un deuxième axe se propose d’analyser les « maladies de confins » (qui touchent à la fois le physique et le psychique) et les problématiques sociales qui surgissent par l’expérience de l’habiter clandestin et par l’appropriation d’une mobilité illicite (à la fois transnationale et au sein de l’espace urbain). Dans ce cadre, la précarité devient une condition presque identitaire, ou du moins statutaire des migrants, car même si insérés entre les mailles des parcours normés, les sujets assument une condition de « deportability » (De Genova, N.), de déportabilité permanente ; où le risque d’être reconduits, expulsés, renfermés, sont toujours en puissance. Cette condition n’est pas uniquement affaire des personnes en situation irrégulière mais elle reste latente y compris pour les personnes qui sont dans un parcours réglementé et régulier de demande d’asile, notamment à cause du règlement européen DUBLIN. Il s’agit donc d’une condition à laquelle n’échappent pas les personnes demandeuse d’asile ou de titres de séjour ou encore statutaire mais soumises à la condition du renouvellement, qui sont éventuellement prises en charge dans des cadres cliniques. Or, il apparait urgent d’ouvrir un champ de recherche qui viserait à rétablir une géographie de la souffrance sociale et de la vulnérabilité sanitaire entrainées par ce que l’on appelle les déterminants sociaux, à savoir les variables sociales responsables d’un état de souffrance, susceptible de se transformer en enjeux de santé et notamment de santé mentale.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02100323 , version 1 (15-04-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02100323 , version 1

Citer

Nina Bacchini. Les malades de confins : vulnérabilités sociales et problématiques sanitaires à la frontière franco-italienne. Migration, anthropologie médicale clinique et psychiatrie transculturelle (la prise en charge des migrants au Centre Minkowska), Nov 2018, Lyon, France. ⟨hal-02100323⟩
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