Le site d'habitat protohistorique de Lo Lladre en Cerdagne (Llo, Pyrénées-Orientales) au sommet d'un éperon rocheux
Résumé
L’habitat protohistorique de hauteur de Lo Lladre, culminant à plus de 1600 m d’altitude, est implanté sur un éperon rocheux situé au débouché de la vallée de Llo, en position dominante vis-à-vis de la plaine de la Cerdagne. Il constitue, depuis les premières fouilles méthodiques effectuées dans les années 1970-1980 par P. Campmajo, un site de référence, tant par l’existence d’une stratigraphie enregistrant des occupations successives sur la longue durée, que par l’importance du nombre de datations radiocarbones réalisées ainsi que la bonne conservation générale des vestiges archéologiques et bioarchéologiques. Cet article retrace, d’une part, l’historique des recherches sur ce site, rendant compte à la fois de l’importance des découvertes et du fort potentiel de celles-ci pour l’appréhension de l’histoire des groupes humains d’agriculteurs-pasteurs qui ont successivement occupé l’éperon, notamment durant les âges du Bronze et du Fer. D’autre part, quelques résultats des fouilles récentes (2011-2013) sont aussi exposés, en particulier ceux en rapport avec les données nouvelles de la stratigraphie, celle-ci s’étant avérée être dense et complexe. Quelques éléments de structuration de l’espace sont présentés ainsi que l’hypothèse inédite des restes de bâti en terre. Ce sont aussi quelques données synthétiques des diverses études menées sur les principaux vestiges archéologiques mis au jour – céramique, restes fauniques, graines - qui sont exposés. Pour les restes de poteries, si les formes et les décors ont déjà été reconnus antérieurement, il reste à les étudier en fonction de l’analyse critique de la stratigraphie pour une meilleure perception de la chrono-typologie. La récente analyse archéozoologique apporte un renouvellement des données quant aux questionnements relatifs à l’origine, la mobilité et l’alimentation des animaux domestiques. Les données carpologiques en cours d’analyse permettent de confirmer les espèces cultivées déjà identifiées précédemment, et d’ouvrir la discussion sur les contacts avec les régions voisines. Quelques perspectives de recherches seront finalement évoquées, puisque l’analyse des résultats archéologiques (thèse en cours : D. Bousquet) amène d’ores et déjà à envisager la reconduction des travaux de terrains (prospections et fouilles).