Le remploi d'objets d'art orientaux dans les trésors d'églises en Occident : l'exemple de Conques
Résumé
La restauration récente de fragments d'une bouteille en cristal de roche, attribuée à l’Égypte fatimide (969-1171), offre l'occasion de redécouvrir les objets d'art orientaux présents dans le trésor de Conques.
Comme tous les grands trésors européens, celui de Conques contient plusieurs objets attribuables à l'Islam médiéval ou à l'empire byzantin, témoins de dons et d'échanges avec le Proche-Orient et la Méditerranée musulmane. Ces soieries, ivoires et pierres semi-précieuses étaient recherchés pour leur rareté et pour les qualités intrinsèques de leur matériau constitutif – le cristal de roche, par exemple, était naturellement associé aux notions de pureté et de lumière, tant dans le monde islamique que chrétien. Mais les sources médiévales indiquent que ces objets étaient également extrêmement prisés pour leurs qualités esthétiques, qui les rendaient dignes d'enrichir les trésors ou les instruments du culte.
A travers l'exemple de Conques, comparé à d'autres trésors européens, nous verrons quelles étaient les voies d'acheminement de ces objets des territoires de l'Islam médiéval vers l'Occident chrétien, et l'appropriation de ces objets dans le contexte chrétien.