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Article Dans Une Revue Hermès, La Revue - Cognition, communication, politique Année : 2013

Classer, c'est penser

Résumé

Si l'on ne posait pas la question dans le contexte de la formalisation des classifications des oeuvres d'art, sans poser un a priori positiviste, on devrait d'abord se demander en priorité pourquoi at on besoin de classer, pourquoi sommes-nous disposés dès nos premiers apprentissages à souscrire aux exercices de comparaison, de réunion, d'appariement, de différenciation, etc. ; pourquoi notre esprit, se construit en partie sur cette faculté ? Pourquoi lorsqu'on évoque l'acte de penser est-il difficile voire impossible d'éviter l'acte de classer et réciproquement : « classer c'est penser », pour reprendre Lucien Stéphan (1993, p. 993) ou pour paraphraser Georges Pérec (Pérec, 1985) intitulant un de ses articles célèbres « Penser/Classer » en signifiant le rapport d'interrelation entre deux éléments et leur réversibilité avec la ponctuation de l'indexation-matière. Sans aller du côté des disciplines relevant de la psychologie ni du côté de l'ergonomie, qui ont toutes élaboré des théories des actes de classement, on pourrait toutefois rappeler que la philosophie, l'ethnologie et l'épistémologie ont aussi apporté des éclairages essentiels à la reconnaissance d'une pensée de l'organisation des savoirs. Pour ne citer qu'eux, Claude Levi-Strauss et Jack Goody ont souligné par leurs travaux la capacité constructive et organisatrice des classes. Dans « La logique des classifications totémiques », un des chapitres de La pensée sauvage, Levi-Strauss considère toute la valeur de l'intelligence et de la complexité des correspondances entretenues dans la classification par une : « pensée rompue à tous les exercices de spéculation » (Levi-Strauss, 1962, p. 57). Goody pense, quant à lui, qu'il n'y a pas opposition entre besoins pragmatiques et classement : l'homme s'adapte mais « l'exigence intellectuelle d'un ordre » (Goody, 1979, p. 42) lui est aussi nécessaire. Dans La raison graphique et deux chapitres, en particulier : « Ecriture et classification ou l'art de jouer sur les tableaux » et « Que contient une liste ? » il aborde les systèmes d'organisation tabulaire des écrits et, en conséquence, des savoirs. Il y analyse le tableau en tant que « moyen de mettre en ordre la connaissance que nous avons des schèmes classificatoires, des systèmes symboliques et des formes de pensée » (Ibid., p. 109 et sq.). Et même si la « légitimation » cognitive et historique de l'activité de classer peut se voir déstabilisée par d'autres logiques inattendues, on est alors inévitablement renvoyé à l'archéologie des savoirs. Dans cette quête d'une archéologie plus que d'une histoire de la pensée, Michel Foucault s'arrête tout un chapitre sur l'acte de « Classer » (Foucault, 1966, p. 137-177). La classification y est définie dans ces développements comme la conséquence d'un paradigme dans l'histoire de la pensée, celui de la « mise en visibilité » : « L'histoire naturelle ce n'est rien d'autre que la nomination du visible » (Ibid., p. 144). […] Comme disait Linné 'toute note doit
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hal-02069245 , version 1 (24-03-2021)

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Citer

Gérard Régimbeau. Classer, c'est penser. Hermès, La Revue - Cognition, communication, politique, 2013, Classer, penser, contrôler, p. 16-17. ⟨10.4267/2042/51546⟩. ⟨hal-02069245⟩
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