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Chapitre D'ouvrage Année : 2009

Contradiction et topos dans le syllogisme dialectique

Résumé

Les Topiques d’Aristote sont un recueil de topoi, lieux, utilisables dans le cadre d’une joute dialectique. Les lieux sont ainsi l’objet explicite des Topiques. Mais ce texte est aussi traversé par la contradiction. D’une part, en tant que déduction de la contradictoire de la thèse choisie par le répondant, le syllogisme dialectique implique la définition de la contradiction comme opposition incompatible entre une affirmation et sa négation correspondante. D’autre part, la contradiction est l’un des lieux que le questionneur peut utiliser. Quel est le rôle exact de la contradiction dans le syllogisme dialectique ? Qu’est-ce que le lieu des contradictoires nous enseigne sur la conception de la contradiction dans les Topiques et sur le syllogisme dialectique ? À partir de l’analyse du syllogisme dialectique qui se distingue du syllogisme apodictique par la matière endoxale de ses prémisses, il s’agit de montrer comment la joute dialectique repose sur une certaine conception de la contradiction - celle des Catégories : la contradiction est l’un des quatre sens de l’opposition, excepté dans le livre VIII où apparaît le sens logique de la contradiction (celui construit par Aristote dans De l’Interprétation). Il apparaît que la contradiction utilisée dans les Topiques oppose aussi bien des termes que des propositions. Mais en même temps, l’utilisation de cette contradiction ne signifie pas que les dialecticiens établissent la vérité puisque les prémisses sont endoxales et non pas nécessairement vraies.
Contradiction et topos dans le syllogisme dialectique, Juliette Lemaire, CNRS-Univ. Bordeaux 3 L'objet de cette contribution est de lire les Topiques à travers à la notion d'aj ntiv fasi~ afin de saisir la spécificité de la déduction dialectique. En effet, le but de la déduction dialectique est la mise en contradiction de l'adversaire-plus exactement la déduction de la proposition contradictoire de la proposition choisie par le répondant. Dès lors, la contradiction est omniprésente comme pratique dans la joute dialectique. Mais la contradiction est aussi présentée explicitement par Aristote comme outil : la contradiction sert à la fois à trouver des prémisses et appartient à la liste des lieux répertoriés dans la topique de l'accident. Les Topiques ne sont pas le seul texte dans lequel Aristote traite explicitement de la contradiction. D'autres traités rassemblés dans l'Organon la définissent : les Catégories, De l'interprétation et les Seconds analytiques. Mais alors que dans les Catégories, la contradiction est définie comme opposition de « dits avec combinaison » 1 , dans De l'Interprétation, il s'agit de l'opposition de propositions quantifiées 2. De quelle contradiction s'agit-il dans les Topiques : la contradiction caractérisée par une négation qui porte sur un dit avec combinaison ou la contradiction caractérisée par une négation qui porte sur une proposition quantifiée ? Aborder le texte des Topiques à partir de la notion de contradiction permettra d'éclairer la spécificité de la déduction dialectique et en retour, la notion de contradiction utilisée par Aristote dans les Topiques. A-Déduction dialectique et aj ntiv fasi" implicite La compréhension de la déduction dialectique, sullogismo; " dialektikov " 3 , dépend du dispositif de la joute dialectique dont je veux rappeler ici les éléments principaux 4. La joute dialectique est une lutte entre deux adversaires dont les armes sont le discours. Il s'agit d'une situation de dialogue spécifique qui obéit à des règles précises. Le but de la joute dialectique consiste en la mise en contradiction du répondant, c'est là la tâche du questionneur. 1 Dans le chapitre 10 des Catégories, l'opposition de contradiction est illustrée par le couple kav qhtai / ouj kav qhtai (11b23). Ce début du chapitre 10 pourrait suggérer qu'il s'agit là d'une opposition entre termes. Cependant, quelques lignes plus loin, Aristote souligne que la spécificité de cette opposition est qu'elle oppose des dits avec combinaison, legov mena kata; sumplokhv n (13a37 sq.). Aussi pour être exact faudrait-il dire que la négation porte sur le verbe, ce qui renvoie à la fonction de liaison du verbe entre deux termes dits sans combinaison, le nom et le verbe. Cependant, il y a bien une différence entre cette détermination de la contradiction et celle de De l'interprétation 7 (voir note suivante). 2 De l'interprétation 7, 17b16-20 : l'opposition de contradiction est l'opposition d'une proposition affirmative universelle à une proposition négative particulière ou encore l'opposition d'une proposition affirmative particulière à une proposition négative universelle. 3 Ou syllogisme dialectique. 4 Pour une présentation détaillée de la joute dialectique, voir Paul Moraux « La joute dialectique d'après le VIIIe livre des
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Citer

Juliette Lemaire. Contradiction et topos dans le syllogisme dialectique. Joël Biard; Fosca Mariani-Zini. Les lieux de l’argumentation. Histoire du syllogisme topique d’Aristote à Leibniz, 22, pp.33-52, 2009, Studia Artistarum, 978-2-503-52961-5. ⟨10.1484/M.SA-EB.4.00068⟩. ⟨hal-02068738⟩
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