John Edgar Wideman, lecteur-archiviste de Frantz Fanon
Résumé
This article intends to read Fanon, a Novel, written in 2008 by John Edgar Wideman, as an attempt to decolonize the archive, more specifically the Fanonian archive. Rather than trying to exhume the legacy of the Martiniquan thinker, the novel proposes to set Fanon’s thought in motion, allowing it to unfold before the reader’s eyes. Thus summoned up, the archive assumes an eminently political role. No longer an origin in a teleological narrative, it can only be apprehended by a text that deliberately practices generic blurring and intermingling as a mode of writing. In Fanon, a Novel, the intersection between fiction and the archive serves as a productive space where national and colonial grand narratives are defeated.
Cet article propose de lire Le Projet Fanon, roman de John Edgar Wideman datant de 2008, comme un projet de décoloniser l’archive, ici fanonienne. Il s’agit non dans ce texte d’exhumer la trace du penseur martiniquais, mais plutôt de mettre sa pensée en mouvement, de la faire advenir à la manière d’un événement. L’archive ainsi mobilisée joue dans ce roman un rôle éminemment politique. Elle est dépouillée de son statut d’origine, échappe au récit téléologique, et ne peut être appréhendée que dans un ouvrage qui revendique le brouillage générique comme mode d’écriture : c’est en ménageant au cœur de l’archive un espace pour la fiction que Le Projet Fanon fait de l’archive une force vive défaisant les gestes nationales et coloniales.