Le fragment comme résurgence de l’acédie chez Cioran
Résumé
This article intends to show how Cioran uses his experience of acedia to forge a very specific form of fragment. Acedia, such as the Desert Fathers defined it, implies both illness of the mind and sin of the will, therefore, writing can shows signs of both. Signs that this article will analyse include fever, exaustion, obsession, etc. However, Cioran uses writing as both an illustration of and a way to combat acedia. In the end, the fragment appears to be both an illustration and the only way to overcome acedia.
Cioran s'inscrit dans une filiation qui désespère du divin et ne trouve aucune consolation en ce monde. Le désespoir d'être né et la fatigue d'être soi occupent effectivement une place de choix dans l’œuvre de Cioran, cette acedia moderne semble être symptomatique d'une résistance de l'être à la vie. A la fois violente et mélancolique, l'humeur de Cioran oscille entre deux extrêmes dont l'un serait l'acedia. Or, il y a bien une posture paradoxale dans le désespoir de Cioran, mais, ce paradoxe relève des pensées contradictoires que Cioran, dans un « à-quoi-bon » moqueur, se permet de juxtaposer sans justification aucune. L'acédie relève ainsi d'un désintérêt pour les choses de ce monde et seul compterait alors le plaisir personnel tiré de l'écriture et du travail du style. Ce faisant, l'acedia sort de son rôle thématique pour embrasser une fonction littéraire, stylistique : la forme brève devient symbole d'ennui, de fatigue de renoncement à convaincre, à participer du progrès. Je me propose donc d'étudier au travers des œuvres françaises de Cioran, comment la forme brève illustre un travail autour de la nostalgie, la fatigue de soi et de la vie pour aboutir à une forme d'ennui. État que la forme brève semble traduire dans sa spécificité moderne: l'acedia brise les velléités de continuité littéraire, systémiques.
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