La Turquie, terre de l’exode syrien
Résumé
Depuis les débuts de la crise syrienne en 2011, la Turquie a accueilli sur son sol plus de 3,2 millions de personnes ayant fui la Syrie. Au mois de novembre 2017, son ministère des Affaires étrangères faisait savoir qu’elle aurait déjà dépensé près de 30 milliards de dollars, pour faire face à cet énorme flux migratoire. Ce phénomène n’est pourtant pas lié qu’à la crise syrienne. Carrefour entre l’Europe, l’Asie mineure, le Caucase et le Moyen-Orient, cette terre a souvent connu des déplacements de populations et des exodes, que la Guerre froide avait ralentis, avant qu’ils ne reprennent de plus belle avec la fin du monde bipolaire. En dehors des Syriens, ce pays abrite en outre désormais près de 300 000 personnes venant principalement d’Irak, d’Afghanistan, d’Iran et de Somalie. Pourtant, l’afflux massif de réfugiés syriens en Turquie, depuis 2011, mérite une attention particulière, non seulement en raison de son ampleur, mais aussi parce qu’il s’est traduit par une série de symptômes particuliers, révélateurs des migrations contemporaines.La crise syrienne commence au printemps 2011. À cette époque, il n’y a pas encore de guerre civile en Syrie, les départs sont surtout la conséquence de la répression féroce que le régime de Damas déploie pour essayer d’endiguer les manifestations qui le contestent, dans le sillage des événements qui viennent de provoquer la chute des régimes autoritaires tunisien et égyptien. Les populations syriennes vont naturellement trouver le chemin de la Turquie, ayant pris l’habitude de se rendre dans ce pays du fait de la politique d’ouverture et de rapprochement qui caractérisait antérieurement la relation syro-turque, depuis plusieurs années…