, Ouverture La réflexion que j'ai tenté de prolonger ici, dans la continuité de mon ouvrage de 2017, s'inscrit dans une perspective d'ensemble visant à élaborer une forme de cohérence en imaginant d'autres voies possibles, pour une « alterdidactique ». Comme pour l'alterlinguistique de D. de Robillard, le projet n'est pas qu'elle se juxtapose ou se superpose à la didactologie-didactique dominante, mais qu'elle la dépasse et l'englobe, sur d'autres bases. Il s'agit d'une réorientation plus fondamentale de la DDdL, pour la sortir d'une certaine « asthénie » (Besse, ici même) autour d'une prise au sérieux non seulement de la diversité, mais de l'hétérogénéité et de l'altérité, qui permette de rompre avec l'évidence communicative des langues et l'illusion de la compétence parfaite. La traduction, travaillée comme Bildung, peut ainsi contribuer à mettre en question l'idée d'une intelligibilité généralisée : « La traduction n'a donc rien à voir avec un dépassement de l'étranger par une intelligibilité rendue au texte. Elle ne cherche pas à revenir à un monde prébabélien en annulant comme elle le peut la différence et la singularité des langues, avec une compétence très partielle car elle relève non pas d'un niveau de résultat mais d'une manière d'être aux langues, aux autres, au monde

, de l'hétérogénéité constitutive de l'humanité, notamment à travers leurs « langues ». Cela conduira aussi à revenir sur les implications « alterculturelles » d'une telle démarche, qui ne saurait se satisfaire du marasme dans lequel s'est enfoncée la réflexion « interculturelle » dans la période récente (Castellotti & Debono, à par.), qui réduit en effet le plus souvent les aspects culturels à leur dimension sociopragmatique. La perspective esquissée ici, autour de l'idée qu'on « ne cesse pas de (ne pas) traduire » (Cassin, 2004 : XVII), pourrait redonner un sens plus « dense » à l'appropriation de langues toujours-en partie-étrang(èr)es, En proposant de réorienter prioritairement la réflexion vers le comprendre, on peut espérer faire prendre conscience, aux enseignants et à toutes les personnes concernées par l'appropriation des langues

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