Montferrand, Place Marcel Sembat. Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Château des Comtes d’Auvergne - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Rapport (Rapport De Recherche) Année : 2007

Montferrand, Place Marcel Sembat. Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Château des Comtes d’Auvergne

Résumé

La place Marcel Sembat à Montferrand (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme) est l’emplacement bien connu de l’ancien château des comtes d’Auvergne, fondé au début du XIIe siècle et à l’origine du développement de la ville face à la cité épiscopale de Clermont. Après un diagnostic positif réalisé par Fabrice Gauthier et Christian Le Barrier en 2002, une prescription de fouille était émise par le Service Régional d’Archéologie dans le cadre du réaménagement de la place par la Ville de Clermont. Le château de Montferrand est cité pour la première fois en 1126, date à laquelle il est assiégé par le roi Louis VI le Gros, venu soutenir l’évêque de Clermont. Le récit de Suger montre qu’à cette date, le château est déjà entouré d’un quartier de la ville, qui est incendié par les troupes royales sans que celles-ci puissent accéder au château proprement dit. La topographie urbaine montre un développement concentrique autour de la place Sembat, avec un îlot construit au moins dès le XIIIe siècle, avant le développement de la ville selon un plan orthonormé ; ces éléments semblent corroborer le récit de Suger. Une représentation du château est donnée au milieu du XVe siècle dans l’Armorial de Guillaume Revel : le dessin montre une tour quadrangulaire cantonnée de tours rondes, entourée d’une enceinte polygonale elle aussi jalonnée de tours semi-circulaires. Deux plans du XVIIIe siècle montrent le même dispositif, avec un donjon quadrangulaire appuyé d’une tourelle d’escalier occupant le centre de la place, et entouré d’une enceinte polygonale. Aujourd’hui, seule la forme circulaire de la place semble rappeler le plan du château. Les structures découvertes en octobre 2004 sont très arasées du fait du fort décaissement réalisé dans le courant du XIXe siècle sur toute l’emprise de la place. Aucun niveau de sol n’est conservé et seules les fondations des maçonneries, des tranchées de récupération et des silos réutilisés comme fosses-dépotoirs ont pu être documentés. La fouille a confirmé en grande partie les observations réalisées au diagnostic. Un bâtiment de plan rectangulaire mesurant 13,80 m de longueur est-ouest pour 9,00 m de largeur nord-sud occupe l’emplacement du donjon figuré sur les plans du XVIIIe siècle ; les murs, ponctuellement conservés et souvent observés en négatif, sont épais de 1,70 m en fondation. Deux fosses de latrines maçonnées creusées dans le substrat marneux et comblées à la fin du Moyen Age et au début de l’époque moderne ont été fouillées ; elles sont situées à l’intérieur de l’emprise du donjon contre son mur occidental. Hormis le donjon, bien identifié, la fouille a montré qu’un autre bâtiment contigu occupait le centre de la place et prolongeait le donjon en direction du nord ; de plan carré, il mesurait également 13,80 m d’est en ouest, et 14,00 m du nord au sud. Ce bâtiment était déjà détruit au moment de la réalisation des plans du XVIIIe siècle et ses maçonneries n’ont été observées que ponctuellement ; les aménagements successifs de la voirie et des réseaux ont fait disparaître toute trace dans l’axe de la rue du Séminaire et de la rue des Baillis et au niveau d’un lavoir. S’il reste difficile d’interpréter ces vestiges au vu de leur état de conservation, il s’agit probablement d’une aula et d’une tour accolées. Les liaisons des murs, les modes de construction, les cotes de fondation et les largeurs de murs identiques tendent par ailleurs à indiquer la contemporanéité des deux bâtiments. Les tourelles d’angle du donjon représentées par Guillaume Revel, de même que la tour d’escalier accolée au donjon sur le plan Dijon de 1764 n’ont pas été observées, et il faut sans doute envisager qu’elles étaient fondées moins profondément que le bâtiment principal. Pour les tourelles d’angle, on peut également les interpréter comme de simples échauguettes, hypothèse déjà formulée par Fabrice Gauthier. Plusieurs sondages ont par ailleurs livré des informations concernant l’enceinte polygonale du château. Seule la fondation de la courtine a pu être ponctuellement observée au droit des façades actuelles des maisons qui bordent la place ; malgré les nombreuses perturbations liées à l’enfouissement des réseaux sur le pourtour de la place, les données recueillies confirment le fort arasement de la courtine au début du XIXe siècle. Cependant, celle-ci a servi pour asseoir les fondations des façades actuelles. On peut restituer une épaisseur moyenne du rempart de 2,00 m. Les tours semi-circulaires qui jalonnaient la courtine sont en majorité détruites et se trouvent sous les maisons actuelles, ce qui avait permis à Christian Le Barrier d’en repérer plusieurs dans les caves. Une seule est conservée en élévation et montre une étroite baie en plein cintre qui tend à indiquer une construction romane. Une nouvelle tour a pu être identifiée du côté sud de la place, à l’aplomb d’une façade ; elle a livré un fragment en place sur son parement interne d’enduit peint décoré de motifs géométriques rouges sur fond blanc. Il s’agit du seul vestige en élévation identifié lors de la fouille. Par ailleurs, dix fosses sub-circulaires creusées dans le substrat marneux ont été fouillées ; il s’agit pour la plupart de silos réutilisés comme fosses-dépotoirs et comblés au bas Moyen Age. Les deux ensembles architecturaux, la résidence – composée de son aula et de sa tour – et l’enceinte octogonale, sont datés par le radiocarbone et la confrontation des résultats avec l’analyse archéologique dans une fourchette large entre le premier tiers du XIe siècle et le milieu du XIIe siècle. La fourchette commune aux deux dates obtenues sur le bâtiment résidentiel réduit la datation possible à un intervalle 1020 – 1115 ; quant à l’enceinte, la seule datation radiocarbone obtenue indique une construction entre 1025 et 1168, mais les modes de construction identiques avec ceux du bâtiment central tendent à réduire la datation basse au premier tiers du XIIe siècle. La description du siège de Louis VI le Gros en 1126 livrée par Suger indique clairement l’existence à cette date d’une enceinte castrale achevée où se réfugient les troupes comtales, mais aussi d’une première enceinte urbaine, dont on ignore la nature. La concordance entre les textes et les données archéologiques est suffisamment nette pour être convaincante : la résidence comtale et son enceinte maçonnée et fossoyée sont bien achevés en 1126 ; le processus d’urbanisation est en outre engagé.
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Origine : Accord explicite pour ce dépôt

Dates et versions

hal-02023405 , version 1 (24-09-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02023405 , version 1

Citer

Laurent d'Agostino, Mylène Navetat, Sophie Cornardeau, Stéphane Guyot, David Morel, et al.. Montferrand, Place Marcel Sembat. Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Château des Comtes d’Auvergne : Rapport de fouille archéologique préventive. [Rapport de recherche] Hades archéologie. 2007. ⟨hal-02023405⟩
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