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Communication Dans Un Congrès Année : 2018

Patrimoine territorial: entre matérialité et immatérialité, redécouvrir son territoire pour mieux se projeter

Résumé

Notre présentation s’articule autour de deux points mentionnés dans l’appel à communication, d’abord l’intention-clé d’interroger le patrimoine culturel, principalement immatériel mais sans se priver des apports de la dimension matérielle ; ensuite la question posée au sein du second axe qui relève de la possibilité de concilier patrimonialisation et développement local. La recherche que nous menons porte en effet précisément sur les moyens par lesquels le patrimoine peut être support de développement, et le terrain d’étude que nous analysons actuellement apporte d’ores-et-déjà quelques éléments de réponse. Dans un premier temps, nous souhaiterions aborder les travaux de la Société des Territorialistes italiens (SDT), un réseau de chercheurs issus de différentes sciences territoriales – de la géographie à l’économie en passant par l’architecture. Leurs recherches, en effet, mettent en relation les termes « développement » et « patrimoine », notamment par le concept-clé de « patrimoine territorial », défini comme « l’ensemble des structures de longue durée produite par la coévolution de l’homme avec le milieu ambiant » (MAGNAGHI, 2014, 2010, 2000). Cela comprend à la fois des éléments matériels (le bâti, les infrastructures, le paysage agraire etc.) mais aussi des éléments plus difficilement saisissables tels que les savoir-faire et les manières qu’a eu l’homme au fil de l’histoire de transformer son environnement. Le tangible et l’intangible y sont étroitement liés. Si plusieurs travaux (ancrées) des membres de la SDT représentent le patrimoine territorial des lieux, ce n’est pas dans le but de définir une série d’éléments à classer et à protéger par des normes, mais plutôt pour mettre en évidence une matière première pour le « projet » (VANNETIELLO, 2011). Nous aimerions présenter, dans un second temps, le terrain d’étude principal de notre recherche. Il s’agit de l’Irpinia, un territoire du sud de l’Italie, touché durement par un séisme en 1980 qui a fait près de 3000 morts. Les décisions au lendemain de la catastrophe se sont orientées vers la délocalisation des villages et construction de new towns ainsi que sur le développement d’une industrie qui s’est rapidement essoufflée ; ce qui fait dire aux habitants que « la reconstruction a fait plus de dégâts que la séisme lui-même ». Or, depuis le début des années 2000, un véritable mouvement citoyen et associatif a vu le jour et progresse. Il est formé de personnes qui, mues par ce constat d’échec et par l’envie d’agir, se sont unies pour redécouvrir l’essence des lieux et envisager les particularités de leur environnement territorial comme des richesses, trop longtemps niées et presque oubliées de la population elle-même. Sans le savoir, sans avoir lu Magnaghi, ils ont entrepris un parcours à la recherche de leur « patrimoine territorial ». Cela s’est traduit dans un premier temps par des manifestations telles que des journées de visite sur le territoire, destinées principalement à qui habitait les lieux mais avait perdu foi en ce qu’il pouvait offrir ; et s’oriente à présent davantage vers la réalisation de projets, d’abord sous la forme d’expérimentations à petite échelle, essayant d’identifier les clés d’un développement plus « soutenable » (MAGNAGHI, 2010) que les précédentes tentatives politiques. A ce sujet, nous aimerions clore notre présentation par un exemple éclairant, celui d’un workshop promu par l’agence irpine d’architecture +T STUDIO, qui pendant une semaine a permis à des designers de rencontrer des artisans locaux, échangeant leurs compétences pour produire des objets en un temps limité, ce qui a permis notamment aux artisans de prendre conscience que le savoir-faire précieux qu’ils possédaient – un patrimoine immatériel fragile – pouvait être réinterprété pour produire d’autres objets et conquérir d’autres marchés. Certains ont même poursuivi la collaboration avec les designers après le workshop. Nous souhaitons apporter par notre contribution l’exemple encourageant d’une situation où, alarmée par la mise en danger de leur patrimoine (matériel, immatériel, territorial), une communauté réagit et fait de celui-ci un chant d’espoir, puis une ressource pour tenter, avec les moyens limités dont elle dispose, d’inverser la tendance au dépeuplement et créer les conditions pour un développement territorial soutenable.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01977004 , version 1 (10-01-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01977004 , version 1

Citer

Lucie Boissenin. Patrimoine territorial: entre matérialité et immatérialité, redécouvrir son territoire pour mieux se projeter. Colloque international en Patrimoine, Langue, Discours, Tourisme, Pour une approche interdisciplinaire (PaLDiT), ISET Djerba; Université de Rouen, Apr 2018, Djerba, Tunisie. ⟨hal-01977004⟩

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