La commanderie de Jalès (Berrias-et-Casteljau, Ardèche)
Résumé
Située au pied des Cévennes dans le sud du département de l'Ardèche, la commanderie de Jalès est un témoin de la présence des ordres religieux militaires au Moyen Âge en Occident. Connus pour leur rôle dans la défense des États latins en Terre Sainte pendant les Croisades, les ordres du Temple et l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem ont possédé en Occident des milliers de domaines constitués à partir des donations des fidèles. Ces commanderies, qui rassemblaient à la fois des bâtiments, des terres, des droits et des hommes, ont formé l'arrière-garde des ordres militaires ; elles fournissaient, par leur production agricole et par leur rôle dans l'encadrement des fidèles, le financement et les hommes nécessaires aux activités des ordres en Orient et, plus généralement, en Méditerranée. La commanderie de Jalès est à l'origine fondée par l'ordre du Temple dans le deuxième tiers du XIIe siècle, à partir de donations de la noblesse locale. Les templiers ont développé, organisé et géré un domaine agricole important réparti entre le bassin du Chassezac et le massif des Cévennes, contribuant à la mise en valeur et à l'exploitation de ce territoire au cours du Moyen Âge.
Au centre de ce domaine, la maison de la commanderie de Jalès est située sur la commune actuelle de Berrias-et-Casteljau, entre Aubenas et Alès. Encore isolés du reste de l'habitat, comme ils l'étaient au Moyen Âge, les bâtiments montrent en partie les constructions d'époque romane édifiées par les templiers, parmi lesquelles la chapelle et le cellier sont particulièrement bien conservés. L'ensemble est passé au XIVe siècle à l'ordre des hospitaliers de Saint-Jean, puis dans le domaine privé à la Révolution.
Regroupant les institutions intéressées par la conservation et la mise en valeur des bâtiments, ainsi que plusieurs organismes publics et privés, le Projet Collectif de Recherche vise à mettre en œuvre une étude pluridisciplinaire de la commanderie, dans le but d'obtenir une connaissance approfondie du site, mais aussi à envisager sa sauvegarde. Le projet recouvre à la fois l'analyse des sources documentaires historiques ; l'étude du contexte géologique et géographique environnant ; l'établissement de relevés de masse et de détail des bâtiments ; l'étude archéologique du bâti ; une approche du sous-sol et des élévations par les méthodes de prospection géophysique ; et, enfin, un diagnostic architectural visant à évaluer l'état sanitaire des bâtiments, mais aussi à évaluer l'état sanitaire des bâtiments et envisager leur utilisation dans un lieu où se côtoient centre de recherche archéologique, centre associatif, lieu culturel et résidences privées. Outre l'intérêt que présente cette étude pour envisager la sauvegarde du monument dans les années à venir, le Projet Collectif de Recherche est l'occasion de documenter une maison de l'ordre du Temple puis de l'Hôpital implantée en contexte rural, mais éminemment connectée aux réseaux économiques et aux flux humains et financiers qui alimentaient les croisades. Il offre également l'opportunité de croiser des sources diverses d'informations qui bénéficieront d'un éclairage réciproque, mais aussi de développer des méthodologies de recherche encore peu usitées, notamment en matière de relevé archéologique ou d'applications géophysiques.
La première année de ce projet a permis de mener à bien une partie des relevés généraux qui serviront de base à l'étude et de reprendre l'étude de bâti de la chapelle de la commanderie. Après cette campagne de mise en place des méthodes, des outils et des équipes, un projet triennal est en cours d'élaboration pour la période 2018-2020.