L. Mercier-de-la-rivière, et 282. Il reproche à l'impôt de détruire la richesse nationale en dépréciant ses productions-parce que le vendeur ne peut excéder un prix maximal acceptable par le consommateur, il est contraint d'intégrer dans ce prix le montant de l'impôt à devoir, ce qui l'amène à diminuer la valeur de la marchandise concernée. En réalité, ce n'est pas tout à fait juste. Une redevance annuelle et foncière fut fixée pour trente années consécutives, sur la nature des biens fonds, qui certes, dont la vocation était certes de disparaître, mais qui a existé néanmoins, p.296

, L'impôt principalement visé par Le Mercier de la Rivière, en bon physiocrate qu'il est, est surtout l'impôt indirect pesant sur la circulation des marchandises, pp.314-315

, Nicole Dockès, art. cit, p.10

G. Berckman and . Lumières, Michèle Riot-Sarcey (dir, pp.116-118, 2017.

M. Demeunier, Économie politique et diplomatique, vol.IV, p.40

, Tel est le cas chez Denis Vairasse et ses Sévarambes. Cependant, ces individus sont exclus de la capitale Sévarinde, qui envoie toutes les personnes présentant un défaut, physique ou intellectuel, à Sporounde, ville éloignée. La perfection n'existe pas, mais on tend à l'atteindre, en cachant les imperfections qui peuvent dénaturer la société parfaite. De même, il est à noter que cette société n'ignore pas l'esclavage, alors même que Vairasse écrit en 1787, époque où l'esclavage est vivement remis en cause par nombre de penseurs. Ces esclaves proviennent des Stroukarambes, peuple conquis qui voulut un jour se révolter contre l'autorité du gouverneur Sévarias. Depuis leur soumission, un tribut annuel de filles et de garçons, destiné à servir en esclavage les Sévarambes, leur est imposé. Cela ne semble d'ailleurs pas chagriner outre mesure ces nations, « bien aises de se défaire de leurs enfants, Il n'est pas question ici des imperfections physiques ou mentales. Celles-ci sont parfois reconnues comme existantes, pp.261-342

L. Mercier and O. C. , Quels sont ses droits ? De lever sur chaque propriété productive, selon les règles d'une juste répartition, une portion des revenus annuels, pour continuer et perpétuer les avances souveraines, ou tous les travaux publics, nécessaires à la prospérité publique ; c'est à la puissance publique à ordonner, à faire l'emploi de ce revenu et de tous ses moyens, pour faire agir et régner les loix, à l'avantage de toute la société » 79. Dans cette logique, l'autorité publique doit donc avoir la possibilité de contraindre les éventuels fraudeurs à s'acquitter de leur dette : l'idée de la sanction est donc envisageable, tout simplement elle est inutile puisque la fraude n'existe pas. Grivel l'affirme : « L'impôt établi sur les terres a été facilement perçu » 80. Chez Leczinski, la même constatation est possible. Certes, la sanction est possible : « L'ordre se maintient dans notre Royaume par l'application de nos souverains à plier de force ou de gré sous le joug des loix quels que ce soient de leurs sujets qui veulent s'y soustraire ». Mais elle n'est pas mise en oeuvre car inutile : les finances sont réglées sans injustice, la dépense n'excède jamais le produit et aucune province n'est imposée au-delà de ses facultés, « il est juste en effet et il est même utile qu'il reste toujours une certaine aisance parmi les sujets qui sont l'unique source des revenus du Prince. S'ils doivent porter le joug, il ne faut point non plus que le joug les écrase, Le tome six, qui complète les lois criminelles élaborées à l'origine, donne une liste assez longue et précise des incriminations envisagées : atteinte à la vie ou à la liberté, insultes, coups et blessures, calomnie, p.76

G. Grivel, , p.212

. Ibid, , p.358

, Cette remarque est valable pour nombre d'utopies : les sanctions pénales sont prévues, souvent décrites de manière détaillée, qu'il s'agisse de peines corporelles comme le marquage au visage, les coups ou le fouet, plus rares (Grivel, Vairasse), de travaux d'intérêt public, très fréquents (Lesconvel à Naudély ou Lassay chez les Féliciens), de la condamnation aux mines

G. Grivel, , p.432

. Ibid, , vol.4, p.309

. Stanislas-leczinski, , pp.77-79

. Est-sa-place, . Le, and . Qu, ensemble, les intérêts du groupe sont sublimés au détriment de l'individu 82. D'aucuns pourraient parler de conditionnement social. L'île inconnue de Guillaume Grivel en est un exemple, lorsque l'auteur aborde le sujet de l'éducation des enfants : « Leur montrant les loix naturelles comme base solide de toute société, et ceux du bonheur des membres qui la composent, je les pénétrai si bien de l'importance, qu'ils les regardèrent désormais comme leur code universel. Ils y puisèrent l'esprit des loix positives, que je promulguai dans la suite comme une extension de ces loix primitives, vol.83

, Les rites collectifs sont intériorisés par chaque individu et rigoureusement respectés par la société dans son ensemble 84. Aussi, la sanction fiscale devient inutile puisque par essence, la résistance est inconcevable dans cette altérité parfaite : les habitants remplissent leur devoir fiscal avec conscience et dévouement, voire même bonheur comme il a déjà été vu plus haut. Force est de constater que si l'individu fraude, cela signifie qu'il n'a pas intériorisé les rites de la société utopique ni sa socialisation ; il s'exclut lui-même du monde idéal. Finalement, s'abstenir d'aborder la question montre une forme d'ostracisme idéologique : le fraudeur est une expression de la société réelle, que l'on dénonce ; il n'a donc pas sa place dans la société idéale. Pour conclure, les utopistes écrivent en sachant que ce qu'ils proposent ne sera sans doute pas réalisé, D'ailleurs, même si l'utopie donne la représentation globale d'une autre société, la vie quotidienne des habitants y est souvent relatée avec force détails, montrant comment chaque individu participe de manière totale et à chaque instant à la totalisation commune, justifiant l'insistance avec laquelle sont exposés les modes de socialisation, tels que la famille, le système éducatif, les fêtes, l'habitat etc, vol.82

Y. Dilas-rocherieux and L. 'utopie-ou-la-mémoire-du-futur, De Thomas More à Lénine, le rêve éternel d'une autre société, p.39, 2000.

G. J. Grivel, . Conan, and . Une-utopie-physiocratisante, En fait, l'oeuvre de Grivel n'est « ni un traité de pure doctrine ni une oeuvre de combat, mais un bon devoir d'application rédigé par un étudiant en physiocratie, trop romanesque et sans prise sur la réalité », malgré ses quatre éditions en trente ans. Grivel, comme toutes les utopies politiques et sociales, s'attaque à diverses choses : abus graves de l'Ancien Régime, guerres de magnificence, vénalité des charges et, bien sûr, injustice de l'impôt. « Mais ce sont malgré tout des sagesses bourgeoises et prudentes ». Toutes les précautions sont prises pour que la monarchie ne dégénère pas en despotisme. Grivel est en fait dans le refus de la Révolution qui approche, aussi se rattache-t-il aux utopies archaïsantes, tournées vers le passé, et non aux réformateurs audacieux tels que Mably ou Babeuf, L'influence de la théorie physiocratique est ici très nette. L'ouvrage est passé sans doute inaperçu auprès des économistes et de leurs adversaires, pp.282-284, 1986.

. Bronislaw-baczko and . .. Lumières, , p.31

. Bibliothèque-impartiale,-t, . Viii, . Par-bronislaw, and L. .. Baczko, On se réfugie dans la croyance confortable et rassurante que le programme sera de toute façon respecté, puisqu'il est parfait et que les hommes, doués de raison, n'iront pas à l'encontre de ce programme parfait. Ainsi, Stanislas Leczinski, dans ses ouvrages tels La Voix libre du citoyen, en 1733, soit environ vingt ans avant son utopie, même s'il propose des choses audacieuses-dîme volontaire demandée au clergé, nouvelle répartition des impôts, polysynodie-88 , semble compter davantage sur la compréhension de ses compatriotes que sur l'autorité de la couronne pour faire aboutir ses projets. S'il finit par décompter jusqu'à vingt-et-un abus qu'il conviendrait de corriger, il laisse, dit-il, « à de meilleurs politiques le soin d'y remédier » 89. Et en effet, la tentation est grande pour l'historien de vérifier la validité de la vérité annoncée par l'utopie, surtout avec la valeur prophétique de certains textes, mais c'est une erreur : l'avenir et sa réalisation dépendent de multiples possibilités qui peuvent survenir après l'utopie, et qui n'ont pas été forcément envisagées par l'auteur. Les utopies n'ont pas seulement pour but de prédire ; cela ne peut être apprécié qu'après coup et en général, elles ne se réalisent pas, ou bien seulement partiellement. Ce n'est pas là que réside le vrai sens de l'utopie, dont le but n'est pas de dire ce qui sera possible : elles se placent au contraire dans la dimension de l'impossible. Elles sont en fait l'expression des réalités d'un certain présent, de ses modes de pensée ; elles manifestent une certaine époque, ses hantises et ses révoltes 90. C'est peut-être même ce que voulait dire le grand maître Rousseau dans sa remarque célébrissime, qui sonne comme une épitaphe tristement réaliste, face à ses contemporains trop optimistes quant à la nature humaine : « Mais qui est-ce qui se conduit sur ses plus vrais intérêts ? Le sage seul, s'il existe, La dérision impliquée par la remarque s'adresse spécifiquement à la Basiliade de Morelly, et à ses réflexions sur l'égalité des hommes, mais elle peut être extrapolée à la plupart des utopies, sur l'ensemble de leurs thèmes. vain, vous cherchez à associer la grandeur d'une nation avec la probité, pp.42-43

P. Messieurs and . De-vous-le-dire, Votre système est très bon pour les enfants de l'utopie ; il ne vaut rien pour les enfants d'Adam » 91. Et voilà l'utopie, le genre dans son ensemble, vous donnez trop de force à vos calculs, et pas assez aux penchants du coeur humain et au jeu des passions

C. Mandeville and M. Tournier, « Des mots en politique. Ce lieu de nulle part qui est à tous et à personne, Mots, n°35, juin 1993, Utopie... Utopies, p.117

. Bronislaw-baczko and . .. Lumières, , p.39

, Stanislas était loin d'être très apprécié par son royal beau-fils, qui lui reprochait d'encourager, par ses écrits, un vieil ennemi, l'esprit républicain. Jean Fabre, « Stanislas Leczinski et le mouvement philosophique en France au XVIII e siècle, Pierre Francastel, Utopie et institutions au XVIII e siècle. Le pragmatisme des Lumières, p.38, 1963.

. Bronislaw-baczko and . .. Lumières, , p.17

J. Rousseau, L. , and M. Le-marquis-de-mirabeau, du 26 juillet 1967, cité par Robert Derathé, « Les philosophes et le despotisme, p.74